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L’impact de la faune sur l’aviation

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AERTEC

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Le règne animal, et tout particulièrement celui des oiseaux, nous a servi de modèle pour concevoir les aéronefs avec lesquels l’être humain part aujourd’hui à la conquête du ciel. Mais, de nos jours, un autre point associé à cette faune ne cesse de susciter un intérêt grandissant : il s’agit des impacts d’aéronefs avec la faune, un phénomène désigné sous le nom de wildlife-strikes en anglais.

L’étude des facteurs qui influent sur la survenue d’impacts avec la faune est actuellement en plein essor, et l’efficacité concernant leur atténuation ne cesse de croître, même si la marge d’amélioration reste encore considérable…

Bien que ce risque soit communément nommé bird-strike, il ne faut pas perdre de vue que les incidents peuvent avoir lieu avec d’autres espèces pouvant être des mammifères terrestres tels que des chiens ou des lapins, voire avec des insectes, toutes ces espèces d’animaux étant pris en compte dans le terme « impacts avec la faune ».

Bien que ce problème puisse toucher d’autres secteurs, puisque des collisions avec des trains, des voitures voire des manèges de parcs d’attractions sont également enregistrés, le champ d’analyse le plus reconnu est celui de l’aéronautique. Le secteur aéroportuaire se démarque au sein de ce domaine, même si son étude est par exemple appliquée au tracé de voies aériennes plus sûres qui évitent les trajets migratoires des oiseaux.

La focalisation de l’étude du phénomène sur les aéroports peut être expliquée par une donnée : 90 % des collisions surviennent aux alentours des aérodromes, selon l’OACI. La probabilité d’impacts pendant le vol, bien que beaucoup plus faible, existe également comme le prouvent plusieurs données. La collision d’un vautour de Rüppell avec un Boeing 747 est à souligner parmi tous les cas recensés, puisque cet impact, survenu à 11 300 mètres au-dessus de la Côte d’Ivoire, détient le record d’altitude.

En jetant un coup d’œil en arrière, la première collision avec un oiseau est vécue par Orville Wright en 1905. Mais ce n’est qu’à partir de 1960 que les autorités commencent à soumettre les aéronefs à des exigences minimales de résistance aux chocs avec des volatiles. C’est en effet cette même année qu’a lieu l’accident du vol 375 de la compagnie Eastern Air Lines, avec 62 victimes mortelles, au cours duquel les quatre réacteurs de l’avion sont endommagés après avoir traversé un vol d’oiseaux.

Concernant l’effet d’un impact avec un aéronef, les facteurs critiques s’avèrent être le poids de l’animal et la vitesse du choc. Les parties les plus fréquemment touchées sont le nez de l’appareil, les bords d’attaque des ailes et les réacteurs.

Pour leur certification, les réacteurs sont soumis à un essai consistant à évaluer leur capacité à résister à l’ingestion d’un oiseau de poids moyen, ou d’un bloc de gel balistique équivalent, sans subir de dommages critiques. La réussite de cet essai n’est pas chose aisée, compte tenu de la complexité des réacteurs, composés d’un grand nombre de pièces mobiles en mouvement, bien que l’exigence requise pour le stabilisateur vertical soit plus contraignante en raison de la criticité de cet élément dans la direction de l’aéronef.

En ce qui concerne l’avifaune, et mêmes si chaque espèce se caractérise par des particularités propres, deux grandes migrations se dégagent : la migration prénuptiale et la migration postnuptiale, qui coïncident avec une recrudescence des incidents. Cette dernière comporte un risque plus élevé, puisque le voyage est entrepris par les géniteurs en compagnie de leurs petits ce qui, dans un premier temps, entraîne une augmentation du nombre d’oiseaux en mouvement. Dans un second temps, ce facteur se voit amplifier par le fait que les jeunes oiseaux ont plus de chances de s’écarter de leur itinéraire habituel en raison de leur manque d’expérience.

La recherche d’une valeur moyenne ou d’une mesure de l’évolution du nombre d’incidents est rendue difficile, étant donné que le niveau d’évaluation a changé au fil du temps. La prise de conscience à l’heure de signaler des incidents liés à la faune a augmenté avec les années et les progrès en matière de télécommunications simplifient de plus en plus leur signalement. Le nombre de données s’amplifie donc d’année en année, même si cela ne signifie pas que le nombre d’incidents survenus a réellement augmenté.

Les données de l’OACI sur la période 2008-2015 pourraient être une référence, cette organisation recensant 97 751 signalements d’impacts avec la faune dans 105 pays, soit une moyenne annuelle de 12 000 collisions.

Que font les aéroports de leur côté pour atténuer le risque ? Les mesures adoptées peuvent grosso modo être classées en deux groupes : les mesures létales et les mesures non létales.

L’application de mesures non létales, comme l’emploi de répulsifs visuels, auditifs ou chimiques, s’avère la méthode la mieux considérée. Une solution jugée intéressante à mettre en œuvre à proximité des aéroports serait l’aménagement de mangeoires remplis d’aliments contenant des stérilisants. Cette méthode permet de freiner l’accroissement des populations ayant fixé leur habitat aux alentours de l’aéroport, les conséquences de cette solution se retrouvant sans effet dès que les oiseaux s’éloignent de la zone.

Ce type de mesures vise une protection et un respect de l’environnement maximums, et plus concrètement de la vie sauvage, comme convenu en 1918 avec la publication de la Convention concernant les oiseaux migrateurs, l’un des premiers textes de loi environnementale adoptés dans le monde, et dont le centenaire a été célébré en 2016.

Il ne faut pas oublier que le comportement de la faune est bien souvent influencé par l’action de l’homme. La mise en œuvre d’ouvrages ou l’organisation de certaines activités de loisirs démontre clairement ce phénomène. Ces interventions et événements finissent en effet par engendrer un risque accru d’impacts, puisque les animaux sont déplacés de leur habitat naturel en raison de la présence de personnes ou de l’excès de bruit, voire de la destruction directe de celui-ci.

L’étude des facteurs qui influent sur la survenue d’impacts avec la faune se trouve en plein essor, même si la marge d’amélioration reste considérable. En s’appuyant sur la prise de conscience et sur les progrès technologiques, de meilleurs niveaux de sécurité pour le trafic aérien des passagers devraient de cette manière être atteints. Mais pour progresser dans cette direction, nous ne devons toutefois pas omettre l’importance du respect de ceux qui, avant nous, occupaient le ciel et qui, dès nos premiers pas en tant qu’espèce, ont été notre source d’inspiration pour réaliser nos premiers vols.

Avifauna en el espacio aéreo

 

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