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Entretien avec Thomas Reynaert, A4E

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Depuis mars 2016,Thomas Reynaert est le directeur général de A4E (Airlines for Europe). Ce groupement, crée en 2016 parAir France KLM, easyJet, International Airlines Group, Lufthansa Group et Ryanair.

« La réglementation économique des aéroports est nécessaire lorsque des monopoles existent et que la transparence est nécessaire pour calculer les redevances aéroportuaires. »

Comment est née l’idée de créer Airlines for Europe?

A4E a été fondée par les cinq plus grands groupes aériens d’Europe, à savoir Air France KLM, easyJet, International Airlines Group, Lufthansa Group et Ryanair, pour représenter les intérêts de ses membres auprès des institutions européennes, des organisations internationales et des gouvernements nationaux sur les questions relatives à l’aviation européenne. Au cours des derniers mois, notre base de membres a évolué pour englober une représentation encore plus large des intérêts des différentes compagnies aériennes en Europe. Depuis le lancement de l’A4E, Norwegian, Finnair, Jet2.com, Volotea, Aegean, TAP Portugal, airBaltic, Icelandair, Cargolux et Travel Service ont rejoint les membres fondateurs. Nous nous concentrons sur l’unification des compagnies aériennes européennes pour promouvoir les changements qui améliorent notre compétitivité, se traduisant ainsi par des tarifs plus bas et un plus grand choix pour les passagers.

 

Depuis 2010, plus de deux millions de passagers ont été touchés par les grèves des contrôleurs aé Quelles sont les principales données que l’A4E gère et qui révèlent un impact négatif des grèves d’ATC (contrôle du trafic aérien) sur la mobilité des Européens?

Sur la période 2010-2016, 30 000 vols de lignes aériennes adhérentes de l’A4E ont été annulés en raison de grèves d’ATC, touchant près de 2,2 millions de passagers. On dénombre 217 jours de grèves des contrôleurs aériens en Europe, ce qui équivaut à presque un mois de grève par an. Ces perturbations sont concentrées dans un petit nombre de pays de l’UE, mais ont un impact sur le trafic aérien à l’échelle de l’UE. En effet, au cours d’un jour de grève d’ATC dans un pays, en moyenne 69 % du trafic européen est alors retardé. En général, le coût de ces perturbations est supporté presque entièrement par les utilisateurs du système de trafic aérien (à savoir, les compagnies aériennes) plutôt que par les fournisseurs. Entre 2004 et juin 2016, 67 % de tous les jours de grève se sont produits en France et l’action industrielle d’ATC a causé 96 % de tous les retards enregistrés. Peu d’États du monde, sinon aucun, connaissent le niveau d’action industrielle dans l’UE de ces dernières années à l’encontre du système de transport aérien.

 

Quelles sont les solutions à moyen terme proposées pour réduire l’impact des grèves?

A4E est prête à fournir un soutien actif aux PSNA et à leurs employés s’ils répondent à notre appel à s’engager volontairement, dès que possible et sans délai, à participer activement et de bonne foi à l’arbitrage ou à une autre forme de procédure de conciliation conforme à la législation nationale appropriée avant toute action revendicative contraire. Être capable de protéger les vols survolant le pays touché par une action revendicative tout en veillant à ce que cela ne se fasse pas au détriment des vols à destination et en provenance du pays touché s’avère d’une importance cruciale. En outre, nous estimons qu’un préavis de grève de 21 jours et une notification anticipée de 72 heures de la participation à l’action collective, au niveau individuel de chaque employé, devraient être fournis afin d’améliorer la prévisibilité du niveau de perturbation et de mettre en place des mécanismes de coopération afin d’étudier les moyens à employer pour minimiser l’impact de la perturbation du service d’ATC.

 

Depuis le lancement de l’A4E en janvier 2016, quels sont les principaux défis à relever et ceux à venir?

Au cours de ses 18 mois d’existence, A4E a franchi des étapes importantes dans ses propres questions de politique prioritaires. Récemment, et un an après le lancement de la campagne Free Movement Call for Action (Appel à l’action pour la liberté de mouvement) de l’A4E, la Commission européenne a publié ses recommandations pour des mesures visant à réduire les risques et l’impact des grèves du contrôle du trafic aérien en Europe dans sa déclaration « Aviation : Open and Connected Europe » (Aviation : Europe ouverte et connectée). S’il nous reste encore beaucoup à faire, nous avons réussi à mettre la question des grèves d’ATC dans l’agenda politique de l’UE et l’initiative de la Commission nous fournit les outils nécessaires pour intensifier nos efforts dans les pays où l’action revendicative des travailleurs d’ATC cause la plupart des perturbations, à la fois localement et à l’échelle européenne.

Notre campagne en faveur d’une révision de la directive sur les redevances aéroportuaires de l’UE prend désormais de l’ampleur, puisque nous avons récemment publié les résultats préliminaires de notre dernière étude sur la rentabilité des aéroports. Il devient de plus en plus clair que, pour créer des conditions de concurrence équitables entre les compagnies aériennes et les aéroports et pour que nos clients bénéficient des avantages auxquels ils ont droit, il est nécessaire de réglementer le cadre économique les aéroports qui sont en situation de monopole et la Commission européenne veillera également à ce que les États membres garantissent l’indépendance, les compétences et les ressources nécessaires pour permettre aux autorités réglementaires nationales de faire leur travail.

En outre, A4E s’oppose à des taxes déraisonnables sur l’aviation et nous avons suivi de près la décision du gouvernement italien en 2016 d’augmenter de 2,50 € les taxes pour chaque passager dans les aéroports italiens, du jour au lendemain et avec effet immédiat. Nous considérons comme une grande réussite que cette décision ait été suspendue, évitant de supprimer les effets sur l’économie italienne.

A4E continuera à travailler avec les institutions européennes et les parties prenantes afin de fournir un espace aérien fiable et efficace en réduisant le coût de la fourniture du contrôle du trafic aérien grâce à l’achèvement du « ciel unique européen » et à une meilleure réglementation économique au niveau de l’UE. Stimuler l’activité économique et les emplois en créant un environnement réglementaire approprié et en éliminant les taxes déraisonnables sur l’aviation resteront certaines de nos principales priorités.

 

Qu’en est-il des frais d’aéroport? Pensez-vous que les régulateurs amélioreront la transparence ou le chemin est-il encore long pour y parvenir ?

La révision de la législation sur les aéroports permettrait aux passagers européens d’économiser des centaines de millions d’euros, en particulier lorsque les tarifs aériens baissent, mais que les redevances aéroportuaires augmentent. Les résultats préliminaires d’une étude de la York Aviation sur « Le coût et la rentabilité des aéroports européens » montrent que les passagers européens paient des redevances aéroportuaires excessives, en particulier dans les aéroports monopolistiques et les aéroports qui opèrent sous le régime de la « double caisse ». Celui-ci prévoit que les bénéfices tirés des activités commerciales des aéroports, comme le magasinage ou le stationnement, ne sont pas réinvestis dans la réduction des frais d’aéroport pour les consommateurs, bien que ces revenus ne soient pas générés sans eux.

Pour l’A4E et des millions de passagers européens, la Directive sur les redevances aéroportuaires de l’UE (« ACD » acronyme anglais d’« Airport Charges Directive ») est une législation inadéquate : elle doit être réexaminée d’urgence. La réglementation économique des aéroports est nécessaire lorsque des monopoles existent et que la transparence est nécessaire pour calculer les redevances aéroportuaires. La Commission européenne doit donc réviser l’ACD pour réglementer ces monopoles, lancer des évaluations approfondies du pouvoir de marché et veiller à ce que les autorités nationales disposent des compétences et des ressources appropriées pour réglementer efficacement.

 

A4E n’est pas le seul groupe de pression des compagnies aériennes europé Quelles sont ses principales forces?

Airlines for Europe (A4E), basée à Bruxelles, est la plus grande association aérienne d’Europe ; elle représente plus de 25 noms de compagnies aériennes et prévoit de se développer. Avec un actif de plus de 550 millions de passagers embarqués chaque année, les membres de l’A4E assurent plus de 70 % des trajets sur le continent, exploitant plus de 2 700 avions et générant plus de 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. A4E est bien placé pour répondre aux problèmes de notre industrie. Pour la première fois, des transporteurs low cost, de loisirs, de réseau et de fret ont uni leurs forces. Nous partageons les mêmes défis en Europe et il est donc facile de se mettre d’accord sur des positions communes.

 

 

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