Il n’est aujourd’hui pas rare, pour une raison ou une autre, dans les médias, sur les réseaux sociaux et jusque dans nos conversations quotidiennes, qu’une mention soit faite (d’une manière plus ou moins juste) aux drones comme exemple de progrès technologique, comme plateforme d’une éventuelle application future, voire comme appareils mis sur le devant de la scène dans des films ou des jeux vidéo. Néanmoins, nous utilisons ce terme sans en connaître véritablement la signification et sans prêter attention aux appellations plus précises qui sont aujourd’hui données à ces aéronefs.
Tout le monde vous comprendra si vous utilisez le mot drone et, mais si vous souhaitez transmettre un message technique, moderne et concis, mieux vaut recourir à l’utilisation d’autres termes mieux appropriés tels que SATP.
Il est également possible que vous ayez à plusieurs reprises entendu parler ou utilisé des termes comme SATP, RPAS, RPA, UAS, UAV ou une autre désignation similaire.
Mais qu’elle est la bonne appellation ?
Cet article va s’efforcer d’apporter davantage d’informations à cette question.
Pour ce faire, trois précisions doivent au préalable être données :
1. L’origine des drones est militaire. Ce n’est que depuis la démocratisation récente de leur technologie que les drones occupent également une place dans le secteur civil. C’est pourquoi l’appellation utilisée possède généralement une origine militaire.
2. Il existe des différences entre le type de contrôle pour la plupart des drones civils ou industriels et pour la majorité des drones militaires ou de sécurité.
Les drones à usage civil ou industriel les plus courants sont des outils dont la seule fonction consiste à recueillir de façon continue des données, de manière automatisée. Cette tâche est programmée en amont dans un objectif précis : établir un modèle de vol efficace pour réaliser la tâche dans le moins de temps possible. Tout écart par rapport au plan de vol programmé entraîne une perte de temps et, par la même occasion, d’efficacité. Cet appareil est sous la supervision permanente d’un humain, mais l’intervention active d’un opérateur (à savoir libérer le drone de l’exécution automatisée de son programme pour le contrôler à la main) au cours de ce type de vol est considérée comme préjudiciable car elle conduit à une perte d’efficacité. Il s’agit par conséquent d’un aéronef supervisé à distance, chargé de remplir un objectif fixe parfaitement établi. Il s’agit d’un vol programmé et supervisé en permanence. L’exploitant n’a normalement pas besoin de piloter l’aéronef, bien que cette opération puisse s’avérer nécessaire sur certains modèles lors des phases de décollage et d’atterrissage.
De leur côté, les drones à usage militaire, et en règle générale toutes les utilisations associées à la surveillance/sécurité, sont à l’extrême opposé des usages précédents, puisque l’objectif du vol est défini pendant la phase de vol même, à mesure que surviennent (ou non) les événements attendus (à titre d’exemple, la détection d’un intrus et son suivi ultérieur requièrent la modification du plan de vol pour s’adapter à cette nouvelle circonstance). Ce type de vol a donc besoin d’un pilote humain chargé non seulement de surveiller le vol, mais également de le modifier manuellement en fonction des besoins de la mission. Par conséquent, il s’agit d’un aéronef piloté à distance pour remplir un objectif variable et flexible qui se construit au fil du déroulement de la mission. On parle d’un vol à contrôle manuel, constamment supervisé et piloté par un humain.
Il existe bien évidemment des cas mêlant les deux types de commande, mais la majeure partie du vol fait généralement appel à l’un des deux types (programmation ou commande manuelle).
3. Une distinction précise doit être faite entre les drones se présentant comme des appareils aériens chargés d’exécuter un travail spécifique pour remplir une mission concrète (mission commerciale, de sécurité, de soutien ou autre dans le secteur civil et militaire ou mission d’intelligence dans le secteur de la défense) et tous les autres appareils volants de loisirs ou utilisés comme passe-temps qui ne remplissent véritablement aucune fonction hormis le simple amusement de leurs utilisateurs (modèles réduits et jouets).
Après avoir exposé ces principes, analysons désormais une à une les principales appellations de ces appareils :
DRONE
Il s’agit du terme le plus courant et le plus répandu, mais également de l’appellation la plus généralisée, la moins technique et la moins appréciée des professionnels du secteur.
Drone signifie littéralement « faux bourdon » en anglais et, bien que de nombreuses personnes attribuent cette origine à la similitude probable entre le vol de l’insecte et celui de la machine, la réalité n’est autre que ce terme possède une seconde acception signifiant « bourdonnement », et c’est ce dernier sens qui est plus vraisemblablement à l’origine de l’utilisation de ce mot pour désigner ces appareils qui ne sont généralement détectables que par leur vrombissement incessant.
Ce terme englobe tout appareil qui se déplace dans les airs avec une certaine capacité de gouverne et dont le seul critère à respecter n’est autre que de ne pas embarquer de pilote. Utilisée à outrance dans les films, cette formule est pour cette raison massivement répandue au sein de la population en général, ce même motif expliquant également qu’elle soit employée sans discernement. Si vous travaillez dans le secteur, vous fuyez à coup sûr ce terme en raison de sa nature peu technique. Essayez de ne pas l’employer, car il existe d’autres expressions beaucoup plus techniques comme celles qui vont être abordées dans les lignes qui suivent.
Cette expression est généralement utilisée de manière beaucoup plus fréquente pour se référer à des multicoptères et des jouets. C’est pourquoi les utilisateurs et fabricants de systèmes de plus grande taille et complexité ne sont pas très enclins à son emploi.
Ce terme doit dans la mesure du possible ne pas être utilisé, à moins que l’on s’adresse à un public généraliste et peu familiarisé avec cette technologie.
UAV (Unmanned Aerial Vehicle)
Littéralement, ce sigle signifie véhicule aérien sans pilote.
Ce terme est l’un des premiers à avoir été employé pour désigner ce type d’aéronefs et, tirant son origine du secteur militaire, son usage continue d’être profondément ancré dans ce milieu.
L’utilisation de ce sigle visait à faire clairement la distinction entre les aéronefs embarquant un pilote et les appareils dont l’intérieur en était dépourvu. Cet emploi est particulièrement pertinent sur les théâtres d’opérations pour transmettre des ordres dans des espaces faisant intervenir des UAV et des aéronefs circulant avec un pilote à bord (sur un lieu d’opérations, les UAV doivent être parfaitement identifiés pour que les pilotes qui les exploitent sachent précisément ce qu’ils peuvent en attendre, aussi bien en termes de réponses que de comportements).
Ce terme implique que l’aéronef n’est pas piloté par un humain. De fait, il signifie que l’appareil peut ne pas être piloté du tout et, par conséquent, ce terme est spécifiquement associé à des aéronefs à vol programmé, à savoir que l’appareil est totalement autonome et qu’il est contrôlé de manière automatique sur la base d’un programme préétabli chargé dans sa mémoire avant le vol (vol sous supervision constante).
Les petits aéronefs affectés aux travaux civils de collecte de données (levés topographiques, par exemple) volent généralement sur la base de ce modèle d’action programmé et constamment supervisé.
Ce terme est encore largement utilisé, bien qu’il soit considéré comme quelque peu désuet et peu descriptif, laissant progressivement la place au terme RPA dont nous allons parler un peu plus loin. Il définit particulièrement bien les aéronefs à usage civil industriel, mais ces appareils sont également englobés dans le terme SATP pour des raisons réglementaires (puisque la réglementation ne fait pas la distinction entre un aéronef supervisé à distance et un aéronef piloté à distance).
Il conviendra d’utiliser ce terme lorsqu’il est fait mention à des aéronefs à vol programmé. Il peut également être utilisé de façon familière et générique dans les contextes de la défense (bien qu’il soit de moins en moins accepté) ou avec des vétérans du secteur aéronautique qui continuent de l’employer.
Un dérivé spécial de ce terme est le sigle UCAV (Unmanned Combat Aerial Vehicle), dont la signification est la même qu’UAV, à la seule différence que l’aéronef est dans ce cas uniquement conçu pour la réalisation de combats aériens. Ces appareils se trouvent encore au stade de développement et, bien que des modèles aient déjà décollé et atterri depuis et sur des porte-avions (comme le modèle X-47), leur capacité limitée à prendre des décisions de façon autonome ajoutée à la difficulté de disposer d’une bonne conscience situationnelle (situational awareness) est telle que ces aéronefs continuent de dépendre d’un pilote humain présent au sol pour les commander. Parallèlement, une technologie là aussi viable, mais moins gourmande en besoins de développement, consiste à tester des avions de chasse habités (comme le F-16) auxquels toute l’électronique et tous les dispositifs de communication nécessaires sont intégrés pour être pilotés à distance.
UAS (Unmanned Aerial System)
Il s’agit d’une amélioration du terme UAV qui comprend tous les éléments du système (alors que le terme UAV ne se rapporte qu’à l’appareil lui-même), à savoir la station terrestre, les capteurs, les antennes de communication, etc.
Ce terme est plus approprié que celui d’UAV lorsqu’il est fait mention à l’ensemble (situation habituelle) et non pas à l’aéronef proprement dit.
Cette formule doit donc être utilisée pour se référer à l’équipement d’exploitation complet (appareil et tout ce qui l’entoure) lorsque l’on s’adresse à des personnes se trouvant dans les mêmes cas que pour le terme UAV. À l’instar d’UAV, ce sigle tombe progressivement en désuétude.
RPA (Remotely Piloted Aircraft)
Il s’agit de la définition la plus moderne.
Son origine remonte en grande partie au besoin de transmettre l’idée positive de la présence d’un être humain qui supervise ou réalise les actions nécessaires derrière la machine, contrairement au terme UAV qui, d’une façon ou d’une autre, ne fournit aucune précision sur ce point.
Il convient d’utiliser ce terme pour se référer de manière technique et précise à un aéronef qui est d’ordinaire activement piloté (et non pas uniquement supervisé) depuis son poste de commande au sol.
RPAS ou SATP (Remotely Piloted Aerial System ou Système d’Aéronef TéléPiloté)
Il s’agit du terme technique le plus utilisé à l’heure actuelle et le mieux accepté pour tous les systèmes qui comprennent un aéronef piloté et supervisé en permanence. Venant perfectionner le terme RPA, il est employé pour se référer au système complet, à savoir qu’il n’inclut pas uniquement l’aéronef mais comprend également tous les sous-systèmes qui l’accompagnent (station terrestre, dispositifs de communication, etc.).
Des experts estiment que la définition SATP est en réalité une sous-catégorie du terme UAS car ils considèrent que tous les drones répondent à la caractéristique de ne pas embarquer d’équipage et que SATP évoque simplement, outre le fait de ne pas embarquer d’être humain, que l’appareil est également activement piloté à distance. Toutefois, et pour être rigoureux, aucun drone n’est dépourvu d’équipage, puisque ce dernier exerce ses actions à distance ou supervise la mission.
Ce terme doit être utilisé au sein d’un milieu technique et professionnel. Il peut être employé pour désigner tous les systèmes aériens, qu’ils soient indifféremment supervisés ou pilotés en permanence (bien qu’il convienne de l’utiliser uniquement pour les appareils pilotés en permanence et non pas pour désigner les aéronefs supervisés en continu, mais il faudra pour cela patienter que les définitions soient mises à jour ou remplacées. En attendant, il convient de se servir des définitions existantes).
En résumé, vous pouvez utiliser le terme que vous voulez, puisqu’aucune restriction n’est là pour vous en empêcher (ni même sur le plan juridique). Tout le monde vous comprendra si vous utilisez le mot drone et, ce qui compte le plus, c’est que vous vous fassiez comprendre aux yeux de votre public. Mais si vous souhaitez transmettre un message technique, moderne et concis, mieux vaut recourir à l’utilisation d’autres termes mieux appropriés tels que SATP.