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Big Data et aéroports

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Luis Perez

AERTEC / Information Technology

 

À l’heure actuelle, les grandes multinationales, les gouvernements et, enfin et surtout, les entreprises technologiques ont pris le train du « courant technologique » du Big Data. L’intention est claire : collecter toutes les données possibles pour proposer un meilleur service aux utilisateurs, tout en améliorant les performances et la sécurité, entre autres avantages directs.

Quel résultat peut-on obtenir en rassemblant, notamment, toutes les données qui circulent dans un aéroport et en leur donnant une orientation spécifique en vue d’améliorer l’expérience des usagers ?

L’utilisation du Big Data : une chance incroyable pour améliorer la qualité des services et la sécurité des installations.

Et bien, ce courant compte déjà quelques exemples particulièrement réussis, parmi lesquels celui de l’aéroport de Singapour (Changi Airport), qui a su prendre conscience du pouvoir de l’information pour l’appliquer au confort de ses visiteurs. Dans une ville où le stress est monnaie courante, les exploitants de l’aéroport ont su aménager un espace propice à la détente et au bien-être des passagers : on y trouve des jardins agrémentés de cactus et de nénuphars, une piscine sur le toit-terrasse, une cascade et une volière à papillons abritant plus de 40 espèces différentes.

Mais tout ceci n’est qu’un premier pas vers quelque chose beaucoup plus intéressant. Dans un avenir proche, l’expérience du passager ne s’arrêtera pas à la minimisation du stress, elle sera également personnalisée. Comment s’y prendra-t-on ? On ne peut plus simple : en analysant toutes les données laissées derrière nous pour se rendre dans un aéroport et lors de nos déplacements à l’intérieur de ses espaces et installations. À partir de ces informations, les compagnies aériennes et les aéroports peuvent définir, par exemple, les endroits et le moment où davantage de personnel est nécessaire pour éviter les goulets d’étranglement ou pour renforcer le contrôle des personnes. Les ressources sont ainsi plus efficacement réparties.

L’aéroport de Dublin est un autre exemple d’exploitation du Big Data. Baptisée Dub Hub, l’application qui y a été créée fonctionne avec Google Maps et sert à orienter les usagers dans l’ensemble du terminal. L’application signale l’emplacement des boutiques préférées de l’utilisateur, la cafétéria la plus proche ou le chemin le plus court pour rejoindre les toilettes les plus proches. Parallèlement, l’application présente un réel atout pour les commerçants, qui peuvent ainsi en savoir plus sur leurs clients et, par conséquent améliorer, voire personnaliser, leurs offres et expériences.

On trouve d’autres exemples de l’utilisation du Big Data dans les aéroports de Barcelone (terminal T1) et de Madrid (terminal T4), où la technologie utilisée, créée par la start-up Seeketing, est axée sur la vente de produits et de services. Sa solution permet, dans un premier temps, de connaître et de stocker les données sur la façon dont les passagers se déplacent dans le terminal (de manière anonyme), mais aussi de savoir s’ils se rendent dans un établissement de restauration ou dans un salon VIP, s’ils optent pour le métro comme moyen de transport ou s’ils louent une voiture. Dans un second temps, et dès lors que les utilisateurs se connectent au réseau Wi-Fi de l’aéroport, il est également possible de leur envoyer des messages contenant des informations pertinentes (annulation d’un vol, prévisions météorologiques du jour dans la ville, etc.).

Le projet « Smart Passenger Flow Pilot » est un autre exemple d’utilisation du Big Data. Les responsables de sa mise en œuvre sont convaincus de son objectif : « Nous saurons ainsi si les passagers sont en transit ou si l’aéroport dans lequel ils se trouvent est leur destination finale, s’ils voyagent en classe économique ou en classe affaires, leur nombre de bagages, s’ils se sont enregistrés en ligne ou aux guichets de l’aéroport, l’heure à laquelle ils ont franchi la zone de contrôle, etc. Toutes ces informations permettront de définir des modèles de comportement ». Grâce à ces données, les aéroports possèdent désormais d’arguments de poids pour améliorer les services, mais aussi pour les personnaliser.

Nous avons abordé l’utilisation du Big Data au niveau du commerce et du confort, mais l’application de cette technologie à la sécurité revêt une importance plus que capitale. Plusieurs axes de travail tels que la reconnaissance faciale ou la reconnaissance de schémas de comportement suspects sont envisagées. La police fédérale de Los Angeles a commencé à utiliser des données historiques associées à des algorithmes pour prévoir les lieux où des incidents de sécurité ont le plus de chances de survenir et ainsi mobiliser des agents aux abords de ces points. Ce mécanisme, dont la mise en place compte moins de quatre mois, a d’ores et déjà permis de faire reculer la criminalité d’environ 13 %. Il est prévu que les caméras des aéroports détectent les passagers potentiellement dangereux par recoupement des bases de données de plusieurs agences pour ainsi obtenir tous les renseignements possibles sur un individu précis et l’interpeller si son intention de mener une action punitive est avérée.

Le Big Data n’est pas une technologie du futur, mais bel et bien du présent, et l’Union européenne en est consciente. C’est pourquoi elle a créé un organisme à but non lucratif appelé BDVA (Big Data Value Association), qui rassemble bases de données, utilisateurs de données, analystes de données et organisations de recherche visant un même objectif : améliorer la société à partir des données.

 

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