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Systèmes de réservation de vol en ligne. Analyse

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Damian Adalid

Software Engineer

 

Il n’y a encore pas si longtemps, il était beaucoup plus difficile de trouver un vol qu’aujourd’hui. Il existait deux possibilités : téléphoner ou se déplacer vers un point de vente. Les agences de voyages ou les guichets des compagnies aériennes étaient les seuls endroits où l’on pouvait obtenir des informations pour réserver un vol. Ce sont d’ailleurs les compagnies aériennes qui ont introduit les technologies de l’information dans la gestion de la vente de billets. American Airlines a ouvert la voie : au début des années 60, elle a conçu avec IBM (une des sociétés informatiques les plus connues et les plus durables), un système d’exploitation appelé SABRE. L’objectif était de faciliter la gestion des réservations. Cela présentait un double avantage : d’un côté, on gagnait en efficacité et en ressources et d’un autre côté, on pouvait toucher un plus grand nombre d’utilisateurs. On comptait de plus la commercialisation du produit lui-même à des tiers. En effet, il fut bientôt vendu et mis en place par d’autres compagnies aériennes et agences de voyages. Les vols n’étaient pas les seuls concernés, mais également les réservations d’hôtels et la location de véhicules.

En Europe, un projet semblable fut développé à la fin des années 80, parrainé par plusieurs compagnies leaders sur le vieux continent : Air France, Lufthansa, Scandinavian Airlines et Iberia. Le projet prit le nom d’Amadeus et IBM fut également son partenaire technologique. Les solutions technologiques SABRE et Amadeus ne sont que deux exemples parmi les systèmes mondiaux de distribution (global distribution systems), que nous appellerons GDS ci-dessous. Parallèlement aux progrès de l’informatique et à la demande croissante en vols, les GDS ont continué à augmenter et à se développer. Par définition, un GDS est essentiellement un réseau géant qui gère des transactions entre les compagnies aériennes et les agences, à très grande vitesse. Il facilite la communication entre les agents et les compagnies aériennes. Dans le but de lier cette communication, l’ATPCO, Airline Tariff Publishing Company (ATPCO) a vu le jour ; il s’agit du principal fournisseur de tarifs et horaires des compagnies aériennes pour les organismes intermédiaires (dans un premier temps, les GDS). De nos jours, ils constituent encore un lien essentiel entre les agences de voyages et les compagnies aériennes, mais l’essor technologique que nous connaissons depuis plusieurs années a ouvert de nouvelles voies d’exploration pour le secteur des réservations de vols.

Les sites Web, à la portée de la grande majorité des acheteurs de vols, se sont imposés et ont détrôné les GDS, qui ne sont plus les seuls points d’accès. L’apparition des agences de voyages en ligne constitue une nouvelle forme de service, plus autonome et facile pour l’utilisateur. C’est désormais le client qui effectue les démarches (hôtel, vol, voiture de location…), à partir de chez lui. Ainsi sont nées les premières OTA (online travel agencies, ou agences de voyages en ligne), dont l’unique source de revenus provient de l’acheteur en ligne. Expedia, lancée par Microsoft en 1996, fut la première et c’est sûrement la plus connue. Très vite, les compagnies aériennes se sont lancées et ont créé elles aussi leurs propres plateformes de réservation en ligne. SouthWest, aux États-Unis et Ryanair et easyJet en Europe, ont été les premières à parier sur les technologies en ligne pour toucher une clientèle plus importante. À l’origine, les compagnies low-cost se sont montrées plus enclines à ouvrir les portes d’Internet. Ainsi, au cours de la première décennie du XXIe siècle, de très nombreuses agences et compagnies aériennes proposaient déjà des vols sur Internet. Le bénéfice est mutuel : d’un côté le client peut choisir parmi différentes options, alors qu’auparavant il n’avait accès qu’à ce que son agent lui proposait ; d’autre part, les compagnies aériennes peuvent étendre leur marché en s’affichant sur le « réseau de réseaux ».

Ce contexte, dont l’éventail de choix est très large, est le bouillon de culture idéal, et il a donné naissance à un nouveau concept : les méta-moteurs. Les méta-moteurs sont des moteurs pour les moteurs de recherche. Ils passent au crible tous les sites des agences et des compagnies aériennes avec lesquels ils sont en relation et proposent à l’utilisateur une liste de prix pour chaque fournisseur. FareChase fut l’un des premiers, mais a rapidement disparu pour laisser la place à d’autres sites, très populaires aujourd’hui : Skyscanner, Kayak ou Momondo. Même le géant de l’informatique, Google, a commencé à bouger ses pions dans cette niche de marché avec la création de Google Flights (1).

Chacun de ces sites accueille des millions de visiteurs par jour ; ils ont fait évoluer leurs services vers une gamme de plus en plus importante et complète. En plus des vols, ces sites proposent d’autres éléments nécessaires au voyage : hôtels, voitures de location, réservations d’activités et même des assurances. Leur présence sur internet ne se résume pas aux sites Web, mais comprend également des mécanismes tournés vers des tiers, comme la publicité à partir d’autres pages Web et la cession de services à des utilisateurs extérieurs. Skyscanner, par exemple, propose aux développeurs d’autres produits l’utilisation de ses API (interfaces de programmation applicative, de l’anglais Application Programming Interface) (2), afin qu’ils puissent utiliser les services offerts par la société, à partir d’autres plateformes.

Ces entreprises de recherche et de réservation de vols ne pouvaient pas rester indifférentes à l’utilisation des smartphones. L’utilisation de dispositifs mobiles avec accès à Internet ne cesse d’augmenter et il est indispensable de disposer d’une bonne application pour toucher l’utilisateur final. L’utilisation des téléphones portables est une tendance clairement à la hausse en matière de recherches et de réservations de vols. Une enquête récente (3) a révélé que l’Espagne était le troisième pays où l’utilisation de ce moyen était la plus importante. Une autre étude montrait qu’aux États-Unis, en 2016, le téléphone portable était l’outil de gestion des vols le plus important (4) pour les utilisateurs habitués à réserver sur Internet. Ainsi, l’informatisation massive que nous connaissons, associée à l’essor des applications mobiles au cours des dernières années, a permis de simplifier les processus de recherche et de réservation de vols. L’avenir semble prometteur et le secteur de l’aéronautique, représenté dans le cas présent par les compagnies aériennes, doit être conscient de l’importance d’une visibilité satisfaisante dans le domaine des technologies de l’information. Plusieurs voies sont envisageables, et parfois complémentaires :

  • Promouvoir et simplifier les mécanismes de réservation sur les sites et les applications des compagnies aériennes. Comme le montre une étude (5), le but est de démontrer que les meilleures offres ne proviennent pas forcément des sites autres que ceux des compagnies aériennes. Lufthansa, par exemple, va encourager les réservations à partir de ses propres sites, en appliquant une taxe de 16 euros à toute réservation effectuée par le biais de tiers (6) (7), montrant ainsi sa relation d’amour et de haine envers les GDS. Paradoxalement, la compagnie aérienne allemande fait partie des fondateurs d’Amadeus, qui ont pu constater qu’ils n’obtiennent pas le plein avantage des réservations effectuées par le biais des agences, qui utilisent ces plateformes.
  • Réaliser des investissements et des alliances avec les organismes de recherche et de réservation de services. Ce facteur est essentiel pour qu’une compagnie aérienne ne perde pas sa visibilité sur le Web et dans les applications les plus utilisées lors de la recherche d’un vol. Il est primordial qu’elles soient bien référencées sur le marché mondial, afin de ne perdre aucune opportunité. Ryanair par exemple a conclu un accord avec Amadeus afin que les utilisateurs de ce système disposent des différents tarifs de la compagnie irlandaise (8). 
  • Centrer l’objectif sur les réservations par l’utilisation des appareils mobiles. L’utilisation des smartphones étant de plus en plus importante, les compagnies aériennes doivent être présentes sur le marché des applications professionnelles, afin d’attirer un plus grand nombre de clients. De plus, il faut aussi tâcher d’exploiter les avantages du téléphone par lui-même. Inséparable de l’utilisateur, il peut aussi lui simplifier la vie. C’est là qu’entre en jeu, par exemple, le concept de l’enregistrement sur son mobile. Alitalia, par exemple, est une des nombreuses compagnies aériennes qui le proposent (9).

De plus, parmi les mesures évoquées, un facteur important et transversal pour toutes les personnes participant aux mécanismes de réservation est le fait de promouvoir la technologie. On constate depuis longtemps que dans un monde connecté, le présent et le futur des démarches des vols s’orientent de plus en plus vers une utilisation et un développement du secteur des technologies de l’information. Mais les compagnies aériennes ne sont pas les seules à bouger. Les sociétés de recherche de vols investissent aussi dans de nouveaux centres de traitement des données et dans de nouvelles techniques leur permettant de se démarquer dans un segment aussi compétitif. C’est le cas de Skyscanner, qui a recherché des solutions nouvelles pour étayer sa croissance, aux côtés de la société DELL (10). N’oublions pas que les portails de réservation et de recherche ne sont que la partie émergée de l’iceberg ; une immense quantité d’informations est sous-jacente et doit être correctement traitée, à très grande vitesse. D’où le « Big Data », qui représente en quelque sorte l’analyse et l’exploitation des données stockées, pour les convertir en informations utiles. Bien gérées, ces informations peuvent permettre à une société d’augmenter considérablement ses bénéfices, d’où l’importance d’investir dans la recherche.

 

L’avenir de la technologie

Le présent nous montre le chemin en matière de démarches de recherche et de réservation. Indépendamment de la vitesse des communications, une conduite correcte des techniques du Big Data a ouvert la voie à des concepts qui semblaient jusqu’alors impossibles. Il existe actuellement des plateformes, comme Kayak (11) ou Skyscanner (12), qui proposent leur aide pour choisir le meilleur moment pour une réservation. On peut donc connaître l’évolution des prix et décider s’il faut attendre ou prendre des risques, dans le but de faire des économies. Cette technique, appelée la « boule de cristal » gère une énorme quantité d’informations à analyser, issues de l’historique. Grâce à des algorithmes prédictifs et à l’analyse de modèles de comportement répétitifs, ces systèmes sont capables de prédire l’avenir avec une grande précision. Pour aller plus loin, une nouvelle plateforme, FLYR, prévoit de pouvoir bloquer le prix d’un billet avant la réservation finale. Amadeus a misé gros sur elle. Cela est lié à un autre facteur qui présage l’avenir des mécanismes de recherche et de réservation. Les compagnies aériennes disposent de plus en plus d’autonomie et d’un lien direct avec l’utilisateur, sans avoir besoin de passer par une agence, et les GDS pourraient bientôt être hors-jeu. D’où l’importance des accords et investissements comme ceux réalisés par le GDS européen et FLYR (8).

En résumé, le client, par le biais de son smartphone, a à sa disposition un environnement privilégié pour la recherche et la réservation de vols. Si l’on y ajoute les avantages en matière de coûts, de temps et de démarche, comme l’enregistrement en ligne et la possibilité de savoir « où, combien et quand », et les économies réalisées, les prochaines années sont prometteuses. Les sociétés participantes, quant à elles, qu’il s’agisse des compagnies aériennes, des méta-moteurs, des agences de voyages en ligne ou des GDS, devront continuer à prendre des décisions de plus en plus liées aux technologies de l’information, afin de profiter de la symbiose à grande échelle qu’offre cet environnement mondialisé.

Références:

(1) Google Flights: https://www.google.es/flights/

(2) http://business.skyscanner.net/portal/en-GB/Documentation/ApiOverview

(3) http://www.europapress.es/turismo/agencias-ttoo/noticia-espana-tercer-pais-mas-crece-uso-movil-busqueda-viajes-20170223143213.html

(4) https://www.emarketer.com/Article/By-2016-Most-Digital-Travel-Bookers-Will-Use-Mobile-Devices/1013248

(5) https://www.tnooz.com/article/perception-is-everything-online-travel-agencies/

(6) https://www.businesstraveller.com/news/2015/06/02/lufthansa-passengers-face-16-euro-fee/

(7) http://www.expansion.com/empresas/transporte/2015/08/31/55e4678546163fc15b8b4578.html

(8) http://www.amadeus.com/web/amadeus/es_ES-ES/P%C3%A1gina-inicial-de-Amadeus/Noticias-y-eventos/Noticias/ES_ES_2014_09_24_Ryanair-y-Amadeus-firman-un-acuerdo/1259071606657-Page-AMAD_DetailPpal?assetid=1319607116154&assettype=PressRelease_C

(9) https://www.alitalia.com/es_es/fly-alitalia/check-in/mobile-check-in.html

(10) http://www.dell.com/learn/vc/en/vccorp1/secure/2014-1-20-dell-data-centre-customer-skyscanner

(11) https://www.kayak.es/price-trend-explanation

(12) https://www.skyscanner.es/bttb/mejor-momento-reservar-vuelo

 

 

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