Airbus Defence & Space vient de célébrer le dixième anniversaire de son usine de San Pablo Sur à Séville et a organisé une journée portes ouvertes festive pour ses employés et leurs familles. À travers diverses activités ludiques et éducatives telles que des jeux en réalité augmentée, l’accès à l’intérieur des avions ou un défilé aérien spectaculaire, Airbus a fait (re)découvrir le travail passionnant de l’ingénierie aéronautique et la fabrication d’avions. Ce secteur industriel génère, directement et indirectement, un grand nombre d’emplois hautement qualifiés, ce qui se traduit par d’importantes retombées positives aux niveaux régional et national.
Airbus DS possède trois usines dans la ville, reflet actuel d’une tradition de fabrication aéronautique qui remonte aux origines de l’aviation.
Séville fait partie de la dizaine de villes où il existe des moyens pour concevoir, assembler et tester un avion dans sa totalité. Ces capacités existent depuis les origines de l’aviation grâce à des sociétés historiques comme Hispano Aviación ou CASA, dont l’expérience et les connaissances ont servi d’héritage pour les entreprises actuelles telles qu’Alestis ou Airbus Defence & Space.
Airbus possède trois sites autour de la ville de Séville : Tablada et San Pablo, lui-même divisé en nord et sud (Norte et Sur). Pour connaître l’origine et l’histoire de ces usines, il nous faut remonter plus d’un siècle en arrière, dans le quartier de Tablada, où l’aéronautique a vu le jour à Séville.
Au début du XXe siècle, la ville comptait à peine 150 000 habitants, soit cinq fois moins qu’aujourd’hui. Situé de l’autre côté de la rivière qui sépare le quartier de Triana du reste de la ville, Tablada était un immense pâturage municipal destiné au bétail et aux taureaux de combat. C’était un terrain plat avec peu d’obstacles, où la seule construction présente était un hippodrome que la Société de courses hippiques (Sociedad de Carreras de Caballos) avait construit en 1880. Ces caractéristiques firent de ce terrain un excellent aérodrome naturel pour l’industrie aéronautique naissante. En 1910, seulement 6 années après l’invention de l’aviation par les frères Wright, ce lieu modeste accueillit une semaine consacrée à l’aviation, avec des démonstrations de vitesse, de décollages, de manœuvres, etc.
En 1914, le conseil municipal céda environ 24 hectares de ce terrain à l’État pour la construction d’un aérodrome militaire, qui deviendra plus tard la base aérienne de Tablada. Dès 1921, ces installations servirent au premier vol commercial d’une société de capitaux espagnols récente, la CETA, entre Séville et Larache, au nord du Maroc. En 1923, le conseil municipal construisit les premières installations civiles à une extrémité de l’aérodrome militaire.
Cette même année, José Ortiz Echagüe fonda Construcciones Aeronáuticas S.A (CASA) à Getafe (dans la banlieue de Madrid). L’entreprise se développa au rythme du secteur et finit par établir sa première usine à Séville en 1942, en choisissant de se rapprocher de l’aéroport déjà bien implanté de Tablada, une usine qui a fêté récemment son 75e anniversaire. Des modèles tels que le C-2111 ou le C-101 y ont été fabriqués, ainsi que des composants et des structures pour une grande variété d’autres programmes.
Dans les années 40, au vu de sa croissance, la ville exigea de nouvelles extensions de terrain. Dans le même temps, l’aéroport de Tablada était devenu obsolète et, en 1945, on envisagea la construction de l’aéroport San Pablo sur des terrains situés au nord de la ville, près d’un ancien terminal de dirigeables.
De son côté, vers 1960, CASA construisit quelques hangars autour de l’aéroport, avant d’occuper les installations de l’entreprise Hispano Aviación, disparue en 1972. C’est ainsi que naquit sa deuxième usine connue aujourd’hui sous le nom de San Pablo Norte. CASA l’utilisa pour fabriquer et assembler de nouveaux modèles comme le CN-235 et le C295.
Dans les années 90, plusieurs pays européens lancèrent le programme d’avion militaire A400M, dont l’objectif était de devenir le futur transport aérien militaire qui remplacerait les avions utilisés par les principales armées européennes : le Lockheed C-130 Hercules et le C-160 Transall. À la fin de cette décennie, l’espagnol CASA, le français Aérospatiale Matra et l’allemand DASA s’associèrent pour former EADS et prendre en charge l’élaboration du programme A400M.
Au moment de choisir l’emplacement de la ligne d’assemblage finale (FAL), les candidatures furent déposées par des sites déjà existants. À Séville, on choisit de mener une campagne promotionnelle sous le slogan « the right choice » (La meilleure option). Le site de Séville fit valoir sa grande expérience dans l’aviation militaire, qui faisait défaut à Toulouse et Hambourg, également candidates. De plus, la France et l’Allemagne étaient déjà immergées dans le développement du nouveau programme civil d’Airbus, l’A380 et la ville andalouse fut finalement choisie.
Dans la perspective du développement du nouveau programme, des installations innovantes et spacieuses furent inaugurées en 2009 au sud de l’aéroport de Séville, baptisées San Pablo Sur.
De son côté, EADS adopta le nom d’Airbus Group en 2013 et l’un de ses départements, spécialisé dans les avions militaires et l’espace, fut renommé Airbus Defence & Space.
Maintenant que nous avons abordé le passé, que nous réserve l’avenir ?
Au fil du temps, les trois usines ont continué à se réinventer pour s’adapter aux changements des programmes qu’elles développaient.
Grâce à de récents investissements, le site de Tablada reste à la pointe de la production, s’affirmant comme usine pré-FAL et livrant des composants équipés à d’autres FAL ; c’est le cas à San Pablo ou en dehors de Séville, comme dans l’usine du Groupe Airbus à Getafe (avec les programmes Eurofigther et MRTT et même à ceux de son concurrent Boeing).
L’usine de San Pablo Norte a transféré la production des anciens modèles CASA (CN-235 et C295) à San Pablo Sur, ce qui a permis sa reconversion en centre de services de maintenance, réparations et révisions (MRO).
Le site de San Pablo Sur a livré environ la moitié des 180 commandes initiales de l’A400M et assurera ce service pendant encore au moins dix ans, même si la recherche et le développement de nouveaux projets, tels que le « retrofit » d’avions déjà livrés, sont déjà envisagés.
Le savoir-faire et la spécialisation sont les piliers fondamentaux et historiques de ces trois usines. Toutefois, le concept d’industrie 4.0, ou usine du futur, a également contribué à leur adaptation à l’évolution technologique constante et à l’intégration de nouvelles productions, en améliorant et rationalisant de manière significative les processus de production, afin qu’elles restent compétitives.