Mme Kim Day est le PDG de l’aéroport international de Denver:
« Nous ne connaissons pas encore ce qui nous attend, mais nous savons que le paysage évolue constamment et nous devons nous y préparer ; il nous faut donc rester flexibles. »
L’aéroport international de Denver a proposé un partenariat d’un montant de 1,8 milliard de dollars pour la réhabilitation du terminal, qui inclut la réinstallation de tous les contrôles de sécurité et la modernisation des postes de contrôle, grâce à une technologie plus rapide. Quelles autres améliorations pourra-t-on retrouver à l’aéroport international de Denver ?
Le projet auquel vous faites référence s’appelle le « Great Hall » (le « Grand Hall ») et il a pour but d’améliorer l’expérience des passagers. Il permettra d’améliorer les processus de sécurité grâce à une nouvelle technologie et à la modernisation des installations, à l’augmentation du nombre de concessions et de leur qualité, à l’amélioration des équipements d’enregistrement et à la modernisation de deux grandes zones d’attente pour les voyageurs nationaux et internationaux. Le projet comprendra de nombreuses autres mises à jour : escaliers mécaniques, toilettes, signalétique, ainsi qu’une zone de jeux pour enfants et un point de débarquement « express », côté trottoir, adjacent aux postes de contrôle TSA. Tout en modernisant et rénovant le terminal, nous augmentons sa capacité d’environ 30 pour cent et parallèlement, nous avons établi un plan solide pour que l’expansion des portes d’embarquement corresponde à l’augmentation de capacité du terminal. Pour cela, nous développerons chacun des trois halls de l’aérogare et créerons plus de 20 portes d’embarquement d’ici 2020, comme nous le demandent nos compagnies aériennes. Nous ajoutons également deux rames au train du terminal/hall de l’aérogare, afin d’en augmenter proportionnellement la capacité.
Notre forte croissance est évidente : nous avons connu une hausse de plus de 7 pour cent jusqu’au mois de juillet, avec une solide composante de développement organisationnel, de 65 pour cent. En réaction, nous avons commencé à envisager l’élargissement de notre route d’accès, Peña Boulevard, à évaluer un échéancier pour notre septième piste et à décider où l’installer (et nous disposons d’un grand choix de terrains !). À propos de ces terrains (de 137,8 kilomètres carrés), nous venons de mettre au point un plan d’aménagement bien réfléchi et nous commençons à étudier les possibilités de développement commercial dans l’aéroport. Près de la moitié de notre territoire ne sera jamais utilisé pour l’exploitation de l’aéroport ; nous avons donc un grand potentiel de développement, qui comprend des projets axés sur les transports en commun, les espaces commerciaux et les bureaux, les installations hôtelières et les salles de conférences, ainsi que les possibilités de loisirs.
Le projet « Great Hall » a été approuvé en août dernier et devrait démarrer au cours de l’été 2018. De quelle manière l’expérience du passager changera-t-elle lorsque le projet sera terminé, à la fin de l’année 2021 ?
Avant tout, ce projet constituera une nouvelle « porte d’accès » Sud pour le terminal à partir du centre commercial, de l’hôtel et du centre de transit. Cette première zone de sécurité sera adaptée au repos et à la convivialité et comprendra boutiques et restaurants. Dans la partie Nord du terminal se trouvera une zone plus petite, mais très accueillante, au concept semblable à celui de la zone de repos et de convivialité, où l’on trouvera des restaurants, des boutiques, des informations sur les vols et des bureaux de change. À partir de la nouvelle entrée Sud, au cinquième niveau, la circulation des passagers sera claire et linéaire ; les passagers monteront d’un niveau pour accéder à un hall de billetterie amélioré, puis à la nouvelle zone de contrôle des passagers.
Ce projet modifiera considérablement le contrôle des passagers. Aujourd’hui, les passagers doivent faire la queue dans une zone exposée par le haut ; la nouvelle conception du terminal inclura une nouvelle zone de sécurité fermée et un processus amélioré, qui deviendra le nouveau prototype pour les postes de contrôle aux États-Unis. Cette zone de contrôle comprendra les toutes dernières technologies (des scanners CTX y sont prévus) et elle permettra de supprimer les longues files d’attente. Au lieu de cela, les passagers se rendront dans des zones fermées associées à deux couloirs, où 20 à 30 personnes seront accueillies dans un espace privé et sécurisé. Ainsi, le TSA pourra faire des affectations axées sur le risque, ce qui pourrait améliorer l’efficacité de ses activités de contrôle.
Après être passé par la sécurité, un passager pourra se diriger à pied vers les portes du Hall A ou descendre vers ce qui, je pense, constituera une zone intéressante où l’on trouvera différentes concessions et activités, sur le chemin entre le train et les halls.
Notre équipe accorde énormément d’attention à la façon dont chaque élément du terminal influe sur l’expérience globale des passagers. Nous sommes sûrs que dès son achèvement, en 2021, Denver offrira à ses passagers l’une des expériences les plus efficaces et agréables.
Le contrat du « Great Hall » représente le premier des grands partenariats du gouvernement de la ville de Denver concernant un bâtiment public. Le partenariat public-privé (PPP) constitue-t-il désormais la meilleure formule pour la gestion d’un aéroport ?
Il n’existe pas de modèle unique qui soit meilleur pour tous les projets, mais ce projet unique se prête à ce mode de prestations. La rénovation se déroulera sans affecter les opérations 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Pour cela, un plan d’introduction complexe est nécessaire ; il montre la valeur d’une entreprise unique qui conçoit et construit le projet et prend le risque de respecter les délais et le budget prévus. Dans le même temps, nous cherchons à améliorer l’expérience en matière de concessions et de passagers et nous sommes donc tournés vers l’industrie pour trouver l’expertise qui pourrait transformer notre terminal. Avec sa réussite à Heathrow, entre autres, Ferrovial prendra cette transformation en charge et exploitera les concessions pendant les 30 prochaines années ; notre équipe profitera ainsi de son expertise en matière de gestion. Les aéroports ont clairement des ressources limitées ; un apport d’argent d’un partenariat public-privé nous aide à utiliser notre capital dans d’autres programmes, mais ce n’est pas notre objectif. Nous recherchions une expertise externe dans le développement et l’exploitation, ainsi que le transfert des risques sur les coûts et les échéanciers. Il s’agissait d’une formule adaptée à ce projet spécifique.
L’aéroport international de Denver se trouve à la sixième place aux États-Unis avec 58,3 millions de passagers ; le mois de juillet dernier a été le mois le plus volumineux de l’aéroport dans l’histoire de l’aviation de Denver. Les données sont claires et les chiffres devraient augmenter. Comment associerez-vous cette croissance du trafic avec un investissement dans le développement durable ? Quels sont les objectifs de l’aéroport international de Denver (DIA) en matière de durabilité pour l’avenir ?
Comme tous les aéroports aux États-Unis, nous tentons de réduire notre empreinte carbone et je suis heureuse d’annoncer que nous avons déjà parcouru un long chemin. Notre programme de durabilité est large et solide : nous générons environ 7 pour cent de notre demande en électricité grâce aux panneaux solaires situés sur l’aéroport, nous avons obtenu la certification LEED Platinum pour notre hôtel et notre centre de transit et LEED Gold pour notre caserne de pompiers ; la certification ISO 14001 pour notre système de gestion environnementale à l’échelle du campus et nos programmes sociaux, y compris le don d’aliments et les activités de sensibilisation auprès des petites entreprises appartenant à des minorités et à des femmes. Le programme « Great Hall » s’ajoute à cet effort et comprend, dans le sens le plus simple du terme, la réutilisation d’une structure existante, ce qui permet un usage plus important et de meilleure qualité (et une plus grande capacité). Au fur et à mesure que nous procéderons aux travaux de rénovation, nous actualiserons tous les systèmes issus de technologies des années 1990 pour les remplacer par des éléments permettant de réaliser des économies d’énergie à la pointe de la technologie, et nous comptons obtenir la certification LEED Silver, au minimum. Dans le même esprit, notre programme d’expansion des portes d’embarquement se concentrera sur la durabilité. Nous envisageons également de meilleures technologies de production d’électricité et de microréseau en vue d’élaborer notre plan foncier.
Il convient de noter que malgré le nombre de passagers croissant, nous avons réduit les déchets que nous produisons de 3,6 pour cent et les acheminons vers les sites d’enfouissement, car notre taux de réacheminement a augmenté et atteint un niveau record.
L’aéroport international de Denver est bien connu et admiré par les voyageurs à travers le monde grâce à sa conception révolutionnaire. Pourquoi l’architecture de l’aéroport est-elle aussi importante pour que l’aéroport soit unique au monde ?
Avant tout, l’architecture aéroportuaire doit permettre une grande expérience du voyageur en termes de circulation ; celle-ci doit être facile et intuitive et être associée à une atmosphère agréable et peu stressante.
Mais les aéroports, s’ils sont bien conçus, peuvent être plus qu’un agréable lieu de transit. Ils peuvent refléter la culture d’une région et devenir une marque emblématique pour la promotion et la fierté de la communauté qu’ils représentent, tout en indiquant l’importance économique de la région.
Lorsque l’aéroport de Denver (DEN) a été conçu, il y a plus de 22 ans, c’était une merveille d’architecture moderne et de fonctionnalité. Les « bonnes fondations » de notre plan ont permis à Denver de mieux grandir que la majorité des aéroports américains. En même temps, la structure en forme de tente emblématique a permis de reconnaître Denver, et c’est aujourd’hui l’essence même de notre marque.
Les aéroports doivent adapter la technologie pour améliorer l’expérience du passager car la clientèle exige plus d’améliorations dans ce sens. Qu’est-ce que DIA peut offrir aux utilisateurs en matière de technologies intelligentes ?
Commençons par le « Wi-Fi le plus rapide parmi les aéroports de la planète », d’après Ookla! Nous offrons une expérience Wi-Fi sans identifiant ni publicité, à une vitesse de 78,22 Mbps. Nous avons également installé plus de 10 000 stations de chargement dans nos halls. Ces deux demandes revenaient constamment chez les passagers, qui souhaitaient une connectivité facile et rapide.
Aujourd’hui, les passagers de DEN peuvent utiliser la technologie de l’aéroport pour enregistrer leur vol et pour embarquer, commander un Uber ou vérifier, en temps réel, les temps d’attente à la sécurité ; mais qu’en sera-t-il demain ? Nous espérons que vous pourrez passer votre commande de provisions en vol et les récupérer à l’aéroport avant de rentrer chez vous. Nous prévoyons de vous faire parvenir une heure de réservation pour votre rendez-vous de contrôle des passagers, de précommander un café latte lors de votre courte connexion dans un hall et, à terme, le processus d’enregistrement se fera entièrement en libre-service. Qui sait, vous perdrez peut-être vous-même vos propres bagages ! (Je plaisante, bien sûr !) Plus sérieusement, la technologie évolue très rapidement et notre défi est de suivre son évolution. Nous investissons dans des systèmes de gestion des affaires qui nous fournissent des données importantes et des façons de les partager avec nos passagers, afin d’améliorer leur expérience. Nous ne connaissons pas encore ce qui nous attend, mais nous savons que le paysage évolue constamment et nous devons nous y préparer ; il nous faut donc rester flexibles.