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Les SATP, outils de soutien à la lutte contre les incendies

Image de Rodrigo Valdivieso

Rodrigo Valdivieso

Unmanned Aerial Systems Expert

 

Les systèmes d’aéronefs télépilotés ou SATP (communément appelés drones ou UAV) sont des outils actuellement en phase d’évaluation et d’essai pour servir de soutien à la lutte contre les incendies de forêt.

En raison de leurs caractéristiques et des spécificités mêmes de l’environnement dans lequel ils sont utilisés, ces dispositifs finiront par jouer un rôle primordial et devenir indispensables, tout comme le sont devenus les aéronefs de communication et d’observation (ACO) il y a des dizaines d’années. Ceci s’explique tout simplement par leur intégration parfaite avec les dispositifs complexes de lutte contre l’incendie et par l’aide inestimable dont ils ont su faire preuve.

Mais commençons par le début…

Un incendie de forêt est une course contre la montre mettant en scène le feu contre les humains. Le premier se répand rapidement et grandit tant qu’il rencontre de la matière à dévorer, tandis que les seconds font tout leur possible pour le priver de cette faveur en luttant pour en diminuer la taille.

La surveillance permanente visant à minimiser le risque pour les personnes se présente comme le meilleur atout actuel des SATP ou drones.

Le feu progresse tant que rien ne l’en empêche. Il procède en suivant les tracés et les secteurs lui permettant la meilleure propagation, ces derniers étant définis par le vent dominant du moment qui, à son tour, s’ajoute à la répartition du combustible végétal et à l’orographie qui, dans l’ensemble, sont les facteurs qui façonnent sa progression. La conjugaison de tous ces éléments fait en sorte que l’incendie se comporte d’une manière qui n’est pas toujours prévisible et qui, parfois, va jusqu’à se montrer capricieuse.

Garder un œil permanent sur l’incendie pour connaître son évolution en temps réel ainsi que sa localisation géographique exacte s’avère donc primordial. Ces deux paramètres permettent en effet de positionner les effectifs aux meilleurs points d’attaque pour accroître leur efficacité et, par la même occasion, réduire au maximum le risque déjà élevé auquel ces équipes sont exposées.

Mais une curiosité se doit d’être soulignée dans cette course contre la montre. Du lever au coucher du soleil (à savoir pendant la journée), les sapeurs-pompiers luttent sans relâche et sans perdre de vue la nature et leur environnement pour définir quel sera le prochain mouvement du feu et l’anticiper. Mais du crépuscule à l’aurore (de nuit), les moyens aériens d’observation sont obligés de rester au sol en raison de l’énorme danger auquel leur équipage se verrait exposer. Dans cette course, les humains se retrouvent donc subitement aveugles, tandis que le feu continue de progresser à son rythme en changeant de direction, de taille et d’intensité au gré de la variation des conditions qui l’entourent.

La nuit, la maîtrise de l’incendie, en termes de connaissance/intelligence, est particulièrement malmenée, celui-ci continuant d’avancer, de se transformer, de se répandre et de se rétracter.

À tout cela vient s’ajouter le fait que le combat contre l’incendie est plus efficace pendant la nuit, car la température ambiante y est plus douce et que les vents perdent généralement de leur intensité. C’est pourquoi toutes les actions entreprises pendant la nuit ou aux premières lueurs du jour sont plus efficaces que celles menées en pleine journée.

Par chance, la technologie des SATP est extrêmement développée et sa principale caractéristique réside justement dans l’élimination du facteur de risque humain au cours des opérations, et ce en raison de l’absence de pilote à l’intérieur de l’engin. En d’autres termes, l’utilisation de SATP est particulièrement recommandée dans les opérations présentant un risque élevé pour le pilote puisque le personnel habituellement à bord se retrouve systématiquement en sécurité au sol, à l’écart de l’aéronef. Par conséquent, les SATP sont tout à fait indiqués pour l’exécution de tâches de suivi et d’observation par le survol des incendies pendant la nuit.

Cette activité est d’autant plus efficace lorsque les actions sont menées avec des SATP à longue portée possédant une autonomie de vol importante. Ce type de SATP est généralement à voilure fixe (aspect d’un avion traditionnel, pour mieux se comprendre), puisque cette configuration leur permet de se maintenir au-dessus de l’incendie tout au long de la nuit (avec des durées de vol de 6 à 8 heures, voire plus) et parce qu’il s’agit de drones stables, faciles à manier, possédant une portée élevée et capables de transporter des caméras particulièrement puissantes. En tant qu’équipement de soutien, ils ne sont pas conçus pour attaquer le feu avec un retardateur ou de l’eau ; ils sont uniquement là pour observer et contrôler l’incendie depuis le ciel (les SATP capables d’attaquer un feu sont également en cours de développement, mais leur arrivée sur le marché prendra légèrement plus de temps que les drones d’observation en raison de leur complexité accrue). 

Parallèlement, des SATP au format hélicoptère (voilure tournante) sont également utilisés, ces derniers présentant l’avantage de ne pas avoir besoin de pistes spécifiques puisqu’ils décollent et atterrissent à la verticale. Pour finir, des multicoptères électriques sont utilisés en courte portée et en soutien rapide pour des opérations ponctuelles et de proximité.

Chacun des outils mentionnés (avions, hélicoptères et multicoptères) présente ses avantages et ses inconvénients spécifiques mais, en règle générale, tous ses engins sont parfaitement complémentaires. De ce fait, le succès et l’exploitation de l’utilisation des SATP passent principalement par une définition réaliste du résultat recherché et de l’opération qui va être menée.

Pour le moment, les options d’intervention suivantes (ou combinaisons de ces options) sont donc répertoriées en fonction du SATP utilisé ainsi que de sa couverture et disponibilité habituelles :

  • Portée proactive totale (toute la nuit sur tout l’incendie ; à demander dans l’idéal avant la nuit) : SATP à voilure fixe
  • Portée semi-réactive modérée (une partie de la nuit et/ou sur une partie de l’incendie ; peut être demandé pendant la nuit) : SATP à voilure tournante (hélicoptères)
  • Portée réactive courte (environnement proche de l’opérateur, durée de vol comprise entre 30 minutes et 1 heure ; peut être demandé à tout moment de la nuit) : SATP de type multicoptères

Si l’intervention et les opérations sont bien définies, le choix de l’un de ces outils ou d’une combinaison de ces derniers est immédiat et fournit des informations extrêmement précieuses.

Dans tous les cas de figure, et il s’agit là de la principale caractéristique des SATP conçus pour la coordination et l’observation lors des incendies, les drones doivent être équipés de caméras de deux types : caméra haute sensibilité opérant dans le spectre visible et caméra infrarouge. Ils doivent également être capables de transmettre les images en temps réel dans un format géoréférencé de manière à ce que le récepteur du signal (habituellement le Poste de Commandement Avancé) puisse associer ou afficher directement et de manière automatique ces images ou fragments d’image sur la carte de la zone.

Les services de lutte contre les incendies travaillent en effet sur des systèmes d’information géographique (SIG ou GIS). Ces bases de données géoréférencées recoupent tous les paramètres directs et indirects associés à un incendie sous forme de couches d’informations dont la représentation la plus évidente se fait moyennant des cartes. Les informations à analyser à chaque moment peuvent y être sélectionnées et les données issues des SATP y tiennent une place non négligeable pour l’analyse et la prise de décisions.

Les SIG permettent de superposer et de fusionner différentes cartes entre elles. Dans le cas des incendies de forêt, ils permettent par exemple de superposer les cartes orographiques avec celle des combustibles végétaux puis, en recoupant le tout avec les prévisions météorologiques, d’obtenir des informations théoriques solides sur l’évolution potentielle d’un incendie.

Néanmoins, la réalité nous révèle que les incendies ne progressent pas toujours comme prévu et qu’ils font parfois preuve d’un comportement capricieux. En prenant en compte le fait que la météorologie changeante a un impact sur l’incendie et que celui-ci influe à son tour sur les conditions de son micro-environnement, les scénarios auxquels les sapeurs-pompiers sont confrontés sont rarement fidèles à la théorie. C’est pourquoi le fait de garder un œil systématique et permanent sur le terrain reste un atout majeur, de jour comme de nuit.

 

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