Nous avons lu sur ce blog, il y a quelques semaines, que la conception des SATP obéit à de nombreuses particularités qui doivent être prises en compte. Nous aborderons aujourd’hui les défis relatifs à la phase de fabrication.
La première particularité à laquelle les entreprises de ce secteur sont confrontées concerne le nombre d’unités de SATP commandées par le client.
En fonction de leur taille, les RPAs ont des challenges qui conditionnent leur processus de fabrication.
Dans ce contexte, la fabrication des engins de catégorie moyenne est peut-être la plus compliquée. Pour les petits drones à plusieurs rotors, il est possible de monter des chaînes de production industrielle, du fait du nombre d’unités distribuées. Dans cette niche, la société chinoise DJI est celle qui a su le mieux s’adapter au marché des loisirs. En quelques années, la petite usine de Shenzhen s’est convertie en une multinationale de plus de 6 000 salariés, possédant des bureaux aux États-Unis, au Japon et dans une grande partie de l’Europe. Le marché des plus grands SATP, quant à lui, s’oriente clairement vers les applications militaires et nous devons l’envisager à une autre échelle, car des considérations géopolitiques entrent en jeu, ainsi que des budgets plus importants pour les sociétés comme Northrop Grumman, Lockheed Martin, General Atomics ou Boeing.
Si nous nous concentrons sur les SATP de taille moyenne, la première question à se poser concerne l’écart entre ce que l’on peut proposer dans une conception théorique, sur un outil de CAO, et la façon de mettre en œuvre ces propositions dans une usine de fabrication réelle. Au niveau de l’usine, les techniques de fabrication de ce type de plateforme aérienne sont obligatoirement manuelles et il n’est pas toujours facile de fabriquer des moules ou de disposer d’outils de soutien pour l’assemblage des structures.
C’est là que l’ingénieur doit faire honneur à sa profession et, sans perdre de vue la philosophie du produit industriel et en définissant et mettant en œuvre des processus de fabrication, il doit contrôler la configuration et la traçabilité du produit et envisager des solutions créatives, visant à minimiser le nombre de moules nécessaires pour fabriquer différentes configurations du même produit, en employant des matériaux à la fois robustes et économiques. En ce qui concerne l’outillage, il peut être recommandé de combiner des éléments industriels du catalogue et d’autres éléments sur mesure, pour configurer une solution globale.
Un autre problème fondamental est le manque de fournisseurs spécialisés. Même si désormais certains fabricants ciblent spécifiquement les SATP (et l’ensemble de leurs particularités), un grand nombre d’entre eux proviennent de l’aéromodélisme ou de l’aviation générale.
On peut se poser la question d’un dépassement, ou au contraire, d’une sous-estimation des exigences de conception, qui ont une influence directe sur les performances (en termes de prestations) du produit final, et qui soulèvent certains problèmes : pénurie potentielle de pièces détachées, prix élevés dus aux petites quantités ou aux éléments pratiquement sur mesure que le fournisseur n’est pas toujours en mesure de fournir pour quelques unités.
La démocratisation de l’impression 3D, par l’ajustement des coûts qu’elle autorise, pourrait constituer une solution à moyen terme pour obtenir des tirages sur mesure à quelques exemplaires, à un prix raisonnable.