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L’aviation peut-elle devenir plus sûre ?

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Robert Alway

ALAE Association of Licensed Aircraft Engineers / Chairman

 

Sachant qu’en 2015 le taux d’accident dans l’aviation commerciale était le plus bas jamais enregistré, l’industrie de l’aviation peut se féliciter. Toutefois, il existe un paradoxe. Cette situation réjouissante a souvent une influence négative car elle décuple notre sentiment de sécurité.

L’industrie de l’aviation évolue actuellement plus rapidement que les autorités de réglementation.

Au-delà du glamour, l’aviation représente une activité commerciale qui cherche constamment à baisser ses coûts. Cela est tout à fait acceptable, tant que ce secteur ne tire pas les mauvaises conclusions des récentes statistiques en matière de sécurité. Beaucoup connaissent les chiffres qui font la une, mais très peu de personnes sont informées du fait que beaucoup d’incidents se produisent toujours, bien que, pour différentes raisons, ils ne sont pas connus du public si aucun accident n’a lieu.

L’aviation a tiré de nombreuses leçons des accidents et incidents des 100 dernières années,notamment une excellente compréhension des principes de la physique, de la dynamique et des risques associés au vol. Ajoutez à cela les améliorations constantes de la technologie et de la formation, le haut niveau de surveillance de la réglementation et vous obtenez un moyen de transport incroyablement sûr. Avec les prévisions d’une croissance significative du trafic aérien au cours de la prochaine décennie, conserver la sécurité aérienne sera encore plus ardu.

Par conséquent, les régulateurs accordent une plus grande importance aux performances liées à la sécurité d’une organisation, et ne se contentent plus de vérifier uniquement le respect des procédures requises par les réglementations. Toutefois, la difficulté est de s’assurer de l’exactitude des données relatives aux performances collectées et que celles-ci offrent véritablement une image réelle de l’organisation contrôlée. Cela requiert évidemment des ressources, alors que les budgets de réglementation connaissent des coupes. L’actuelle fixation sur les restrictions budgétaires, sous couvert d’efficacité, reviendrait à laisser les régulateurs les mains liées.En Europe, le problème est exacerbé car les régulateurs nationaux cherchent encore le bon équilibre afin de faire face à l’impact des nouvelles législations de l’AESA (Agence européenne de la sécurité aérienne) et de l’Union européenne.

L’industrie de l’aviation évolue actuellement plus rapidement que les autorités de réglementation. Il est donc nécessaire de s’assurer que les réglementations et les contrôles restent adaptés pour éviter que les régulateurs mettent en œuvre des méthodes d’inspection obsolètes. En matière d’ingénierie et de maintenance, cela pourrait faire baisser les niveaux de sécurité car les compagnies aériennes cherchent constamment les meilleurs contrats en terme de coût, obligeant ainsi les entreprises de maintenance à fournir des services à un coût donné plutôt que de répondre à une norme donnée.

Les compagnies aériennes vont bénéficier des dernières statistiques. Toutefois, pour les ingénieurs agréés réalisant des travaux de maintenance, cela se manifestera sans doute par un manque de cohérence de la part des compagnies aériennes dans leur engagement à faire le nécessaire en matière de sécurité, en particulier si cela représente un coût.

L’important ici est de s’assurer que les compagnies aériennes ne perdent pas de vue l’essentiel. Malgré toutes les améliorations réalisées en matière de sécurité au cours des 100 dernières années, la plus petite erreur peut toujours avoir des conséquences catastrophiques. C’est pourquoi, le défi que l’aviation doit relever est de continuer à améliorer sa culture de la sécurité afin d’éliminer les accidents et de réduire les incidents. Après tout, voler en toute sécurité est bon pour les affaires.

 

 

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