Lorsqu’en 1849 l’armée autrichienne utilisa des ballons chargés d’explosifs contre la ville de Venise, elle était loin d’imaginer qu’elle ouvrait la voie à ceux qui deviendraient plus tard les « véhicules aériens sans pilote » (UAV), également appelés aujourd’hui RPAS (de l’anglais « remotely piloted aircraft systems », ou systèmes aériens pilotés à distance).
Plus connus sous le nom populaire de « drones », leur utilisation a jusqu’à présent été réservée avant tout aux combats. En effet, la possibilité de mémoriser des routes et des objectifs sans le besoin de télécommande et de pouvoir disposer d’un système d’armes complet sans mettre en danger la vie d’un pilote, a pourvu les drones d’une grande versatilité dont ont su profiter les grandes entreprises pour le développement de projets de R+D+i dans l’industrie militaire ; le fait de disposer d’un excellent système de navigation autonome, qui permet une gestion de vol efficace de jour comme de nuit, avec un décollage et un atterrissage totalement automatiques, et pouvant transporter jusqu’à 150 kg de marchandises sans aucune difficulté apparente, a réveillé l’imagination des techniciens et la perspicacité des entreprises ; une utilisation civile des drones s’impose de plus en plus chaque jour, répondant ainsi au commerce important qui se profile face à la demande croissante de citoyens avides de modernité.
L’essentiel réside dans les applications futures que cette merveilleuse technologie (RPAS) réserve à l’aviation commerciale et civile.
De nombreux auteurs s’accordent à penser qu’après la chute du mur de Berlin en 1989, qui a mis fin à la guerre froide entre les États-Unis et l’ancienne URSS, de nouveaux horizons se sont ouverts pour l’industrie, avec les applications civiles équipées de technologies développées à l’origine pour l’industrie militaire. Un intérêt social mais aussi et surtout économique et commercial, qui s’est répercuté dans le secteur aéronautique.
La technologie RPAS a suivi la même voie mais les Predator, Altea, Dyana, X-Prop et les ortocoptères traditionnels aux applications diverses qui commencent à proliférer pour une multitude d’usages, présentent à la fois un développement technologique sophistiqué avec des certifications strictes et un personnel hautement qualifié mais également un degré d’acceptation sociale qui, selon toute probabilité, conditionnera les normes que devra promulguer l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA).
Dans le cas des RPAS à usage civil, les scénarios sont divers. Il semble par exemple évident qu’il doit y avoir une différence entre les exigences de qualité des composants d’un RPAS à usage scientifique, comme le véhicule Ikhana de la NASA, qui sert de banc d’essai pour le développement des capacités et des technologies destinées à améliorer l’utilité des systèmes d’aéronefs sans pilote, ou l’Argo de l’université Laval (Canada), capable de fonctionner dans les conditions extrêmes de l’océan Arctique et de plonger jusqu’à presque deux milles mètres de profondeur pour obtenir des informations sur les organismes marins, ainsi que le RPAS que l’entreprise de livraison expresse de courrier Fastway Courier, basée à Sidney, utilise pour le service aérien de livraisons de la ville néozélandaise d’Auckland. Cela représente-t-il un risque ? Probablement pas, mais la qualité des composants (et par conséquent leur prix) s’en trouve affectée avec la demande sociale croissante et l’opportunité commerciale évidente qui en découlent.
Dernièrement, aux États-Unis, un petit UAV a survolé le Capitole ; un autre s’est posé devant la chancelière allemande Angela Merkel au cours d’un discours sur une place publique ; et sur les plages dorées de ma chère ville d’Huelva, certains pères amusent leurs enfants avec des engins sans pilote équipés de composants « made in China ». Quelle lecture pouvons-nous faire de ces faits ? Je pense qu’il y a deux choses simples à prendre en compte : la sécurité et le risque d’accident. Les drones peuvent facilement provoquer des attentats et il existe donc un risque de dommages collatéraux.
Il semblerait que ces inconvénients puissent se résoudre par une législation spécifique ; d’ailleurs les jurisprudences américaine et européenne, y compris la jurisprudence espagnole, sont déjà à pied d’œuvre et détermineront des normes sous peu, étant donné la prolifération irrégulière d’aéronefs vendus à l’heure actuelle sur les marchés, les diplômes qui sont délivrés pour les piloter et l’usage illégal qu’en font les citoyens.
Or, ces thèmes ne sont pas les plus importants de cette aventure passionnante vers laquelle nous conduisent le grand développement de la technologie aéronautique et l’énorme opportunité commerciale du monde des RPAS ; à mon avis, l’essentiel réside dans les applications futures que cette merveilleuse technologie réserve à l’aviation commerciale et civile, quelque chose qui, aujourd’hui, supposerait un risque énorme qu’aucun gouvernement n’est prêt à assumer et aucune entreprise ne serait d’ailleurs disposée à réaliser un investissement à la hauteur de ce défi. Laissons le temps au temps. C’est la raison pour laquelle, s’il y a un domaine sur lequel nous devons miser, c’est sur la recherche et la formation, et il incombe aux entreprises et aux universités de travailler conjointement, en conjuguant leurs efforts et visions.
Je pense que le Mastère est la voie logique pour développer la R+D+i dans ce secteur innovant et prometteur, car il permettra de générer des techniciens, à un coût entrepreneurial moindre, auxquels les entreprises mêmes pourront transmettre leurs connaissances au cours la période de formation que l’élève doit réaliser en leur sein. Cela permettrait également aux entreprises et à l’université d’optimiser leur effort intellectuel en laissant leurs techniciens intervenir lors de séminaires et/ou conférences sur des thèmes moins académiques, plus axés sur l’innovation et le développement.
Le résultat est évident : des élèves mieux formés à leur nouvelle vie professionnelle possédant un esprit d’entreprise inculqué dès leur formation.
Un défi à notre portée, demandant peu d’efforts économiques mais le sens de la responsabilité et de l’avenir.