Les lecteurs auront sans doute entendu parler des véhicules aériens non pilotés appelés drones ou UAV, abréviation d’Unmanned Aerial Vehicle. L’image habituelle que nous en avons, est celle d’un aéronef fabriqué spécifiquement pour voler sans pilote. Ce qui permet de simplifier le design, lequel peut se passer des systèmes de support vital, de l’aménagement d’un espace pour les passagers, de la pressurisation de la cabine (indispensable pour voler à partir d’une certaine altitude), des systèmes d’aération, des systèmes d’évacuation de déchets et autres commodités réservés aux personnes.
Les passagers sont actuellement réticents à l’idée de prendre un avion sans pilote.
Malgré tout, il est possible de construire un UAV en transformant un avion de passager, en le dotant d’un système de navigation totalement autonome ou supervisé par un poste de contrôle au sol. Cette option présente l’avantage de réutiliser la connaissance et la maîtrise de programmes aériens au niveau du design, de l’entretien, de l’aéronavigabilité, de la standardisation des flottes, etc.
La conquête de l’espace, pionnière dans tous les domaines, l’est également en matière de contrôle autonome d’aéronefs conçus pour être pilotés. Le besoin est né de l’évidence du danger des vols spatiaux expérimentaux. L’Union Soviétique a développé son propre programme de navettes spatiales qu’ils baptisèrent Buran. En 1998, au cours du vol d’essai inaugural, elle a réalisé deux orbites complètes autour de la terre et a atterri avec succès dans le cosmodrome du Kazakhstan. La cabine avait été pressurisée avec de l’azote pour minimiser le risque d’explosion et le vol a été supervisé depuis le centre de contrôle de Moscou, au cas où l’engin changerait dangereusement de cap. Malheureusement, le projet fut annulé prématurément par manque de fonds et plus aucun vol ne fut réalisé.
Actuellement Boeing et l’US Air Force, travaillent ensemble sur un programme qui vise à transformer l’avion de combat F16 en UAV militaire baptisé QF-16. En septembre 2013, l’un de ces avions a réalisé son premier vol d’essai dans la base aérienne de Tyndall en Floride. Deux pilotes d’essai des forces aériennes l’ont contrôlé au sol. Pour ce premier test, la simulation était un vol d’entraînement avec tous types de manœuvres d’évasion et d’attaque. La fiabilité des systèmes et leur précision à des vitesses de vol supersoniques furent également mises à l’épreuve (l’avion est capable de dépasser les 2 400 km/h). Le 29 août 2014 fut une date importante ; un QF-16 fut capable d’esquiver lui-même un missile lancé contre lui. L’idée des forces aériennes est d’utiliser le QF-16 dans les combats aériens pour profiter au maximum de la technologie de cet avion de combat et ne pas mettre de vies humaines en danger. Avant le F16, les forces aériennes avaient déjà réalisé plusieurs vols de ce genre, en transformant un avion de combat F4 Phantom en drone, qu’elles baptisèrent QF-4.
Quels usages pourraient avoir ces avions transformés en UAV ? Ils pourraient servir pour transporter des marchandises en économisant les systèmes de support vitaux. Mais ce n’est pas encore pour tout de suite, car outre les difficultés techniques pour que le système de navigation interprète correctement toutes les variables du vol, il ne faut pas oublier la réticence des passagers à admettre qu’il n’y a pas de pilote à bord.