D’après l’Agence internationale de l’énergie, la consommation mondiale actuelle d’énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel) représente 80% de la production totale d’énergie. Cette information est particulièrement importante, pour deux raisons : il s’agit de ressources limitées et qui font l’objet d’importations dans de nombreuses régions (en effet, on retrouve ce chiffre de 80 % en Espagne). La consommation énergétique mondiale devrait connaître une augmentation de 57 % entre 2004 et 2030, notamment en raison du développement des pays émergents.
Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue la hausse des concentrations de CO2 et de gaz à effet de serre produites par la consommation d’éléments fossiles, et ses conséquences sur le changement climatique. S’il est vrai qu’une variabilité naturelle du climat a été observée, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat signale que la moitié de ces conséquences sont liées aux activités humaines.
6% des besoins en électricité de l’aéroport international de Denver proviennent des énergies renouvelables.
Cette situation nous pousse à envisager des mesures sérieuses d’économie et d’efficacité énergétique, et à tendre vers une utilisation accrue des énergies renouvelables. En dépit d’un important investissement initial, le coût de ce type d’énergies est aujourd’hui en baisse grâce à l’ajustement, ces dernières années, des coûts de production. Sans compter que l’augmentation prévisible du prix de l’électricité rendra ces énergies plus compétitives, ce qui devrait réduire notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles.
Tant qu’à promouvoir l’usage des énergies renouvelables, autant le faire dans les aéroports, ces géants de la consommation électrique. Un bref voyage d’exploration autour du monde nous donnera quelques pistes sur la manière de procéder.
Première étape : l’Allemagne. Avec un niveau d’ensoleillement équivalent à à peine plus de la moitié que celui de l’Espagne (2970 Wh/m2/jour face à 4820 Wh/m2/jour), le pays se distingue par l’utilisation d’importantes installations photovoltaïques dans les aéroports. Par exemple ? L’aéroport international de Düsseldorf, équipé de 8400 panneaux solaires, d’une puissance totale installée de 2 MW. Ou encore, le terminal 2 de l’aéroport de Munich qui produit 445 000 kWh par an, soit la quantité d’énergie nécessaire pour approvisionner 155 logements.
Non loin de là, l’aéroport de Zurich utilise près de 5000 panneaux solaires, qui fournissent 270 000 kWh d’électricité par an au terminal. L’une des plus grandes fermes solaires se trouve de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis, plus précisément dans l’aéroport international de Denver. D’une puissance de 8 MW, elle produit environ 7000 MWh à l’année. Cette installation couvre près de 6 % de la demande en électricité de l’aérodrome.
Autre technique particulièrement intéressante pour ces espaces caractérisés par une consommation constante d’énergie : la cogénération. D’amortissement rapide, les installations de ce type permettent de réaliser de considérables économies d’énergie. Barajas, Fiumicino, Toronto, JFK… Une longue liste d’aéroports a misé sur les installations de cogénération.
Notre parcours s’achève dans un haut lieu de l’exploitation d’hydrocarbures : Abou Dabi. Paradoxalement, cet émirat est aussi un grand investisseur du secteur renouvelable, qui exploite le vaste potentiel d’énergie solaire dont il dispose. Ainsi en témoigne l’inauguration de Shams 1 en 2013, la plus grande centrale solaire thermodynamique à concentration au monde.
L’exemple d’Abou Dabi nous dévoile une dimension capitale du problème auquel est confronté le monde, qui n’est autre que le temps. Ce qui nous fournit actuellement de l’énergie cessera probablement d’exister à l’avenir et les investissements de demain sont à prévoir dès aujourd’hui.
L’augmentation des émissions de CO2, la dépendance énergétique, l’épuisement des ressources fossiles et les fluctuations subites du marché semblent des raisons suffisamment convaincantes pour continuer à investir dans l’énergie verte. Quelle que soit la politique énergétique adoptée, les prochaines années seront décisives pour répondre à la question : sommes-nous en mesure de léguer aux générations futures un modèle énergétique plus durable ?