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Le big data et l’aéronautique

Luis Perez

Luis Perez

AERTEC / Information Technology

 

Quelle quantité d’informations peut produire le vol d’un avion ? Un disque dur conventionnel suffit-il à stocker ces données ? Sont-elles gérables ? Sont-elles utiles ?

Auparavant, nous considérions que les disques durs présents dans nos équipements pouvaient stocker un grand nombre de données. Ces données se mesuraient en « mégaoctets » et il semblait difficile d’occuper cet espace tout au long de la vie utile d’un ordinateur. C’était effectivement le cas, même si aujourd’hui nous mesurons la capacité des disques durs en « gigaoctets » et même en « téraoctets ».

La capacité de collecte, de stockage et de transmission de grands volumes de données en temps réel, depuis les aéronefs en vol, constitue une amélioration significative de la sécurité.

En 2000, une référence dans le domaine des ordinateurs a vu le jour : l’IBM Deskstar 75GXP. Il bénéficiait de la plus grande capacité de stockage pour l’époque (dans un contexte commercial) : environ 75 Go. Oui, vous avez bien lu : 75 Go. En lisant cet article, certains pourront penser que 75 Go d’espace de stockage ne représentent pas grand-chose face aux nouveaux smartphones qui disposent de 128 Go ! Mais en fait, les données ne se mesurent plus en giga, mais en téraoctets d’informations ; elles se stockent et permettent de naviguer d’un site à un autre, en un mouvement constant. C’est le fameux « big data », dont vous avez sans doute déjà entendu parlé dans les informations, les journaux ou sur les portails Internet.

Le terme big data fait référence au stockage de grandes quantités de données, en vue de leur étude ultérieure. Il peut s’appliquer à de nombreux domaines d’intérêt, tels que les études de marché ou les analyses de risques, où de grandes quantités d’informations sont analysées à partir de différentes sources (on compte ici en téraoctets ou pétaoctets) (1). Des exemples concrets d’applications big data peuvent être l’analyse des goûts des consommateurs, l’heure exacte d’affluence en boutique, l’âge moyen de grands groupes de personnes ou les vecteurs de déplacement de passagers dans un aéroport.

La possibilité d’analyser des volumes considérables d’informations et d’en extraire des conclusions a produit des résultats tels que la déduction du style de musique le plus adapté pour stimuler la consommation, l’heure exacte à laquelle il sera le plus profitable ou le pourcentage moyen de publicité qu’un consommateur est capable de supporter.

Avec une telle grande quantité de données disponibles, les entreprises qui ont réussi à en faire bon usage ont pu augmenter leur chiffre d’affaires, à tel point qu’une nouvelle profession a vu le jour : celle d’architecte de données.

Mais allons à l’essentiel : quel rapport le big data et l’aéronautique entretiennent-ils ? La réponse est claire : ils se retrouvent sur de nombreux points !

Pour expliquer cette relation, revenons à un fait regrettable, mais révélateur, qui s’est produit en mars 2014 dans l’océan Indien : la disparition du vol 370 de la Malaysia Airlines. Cet incident a ouvert le débat sur l’efficacité des systèmes de traçabilité actuels face à la difficulté d’identifier la route suivie par l’avion et son point d’arrêt final. Le problème tient au fait que la plupart des données de vol sont enregistrées dans les boîtes noires des avions, mais une fois ces dernières perdues, il est difficile de récupérer les informations. D’où l’utilité du big data. D’après les calculs, il serait possible de générer en cours de vol entre 500 et 700 Go de données : entre autres, la température enregistrée par les capteurs répartis sur l’ensemble de l’aéronef, le niveau de carburant, le taux d’humidité, l’altitude, la vitesse, la position, les images prises en cabine, les conditions climatiques externes, etc. Toutes ces données sont collectées au cours de plusieurs vols, mais ne sont recueillies qu’après l’atterrissage de l’avion. Ce ne sont pas des données en ligne, mais il est important de pouvoir en disposer en cas de besoin.

Il faudrait ajouter à tout cela la capacité de stockage de plus en plus importante des systèmes de communication. Il est de plus en plus facile de transmettre d’importants volumes de données sur de longues distances ; il n’est pas insensé de penser que ces données, en provenance d’un avion, puissent être compilées en temps réel dans des stations à terre. Nous entrerions ainsi dans une nouvelle dimension où l’analyse des données de vol ne serait plus corrective mais préventive, ce qui constituerait sans doute un progrès significatif.

Je pense que le big data ne correspond pas à un terme ou une profession du futur, mais du présent. Bienvenue à l’ère des données

(1) Le téraoctet correspond à 1012octets ; le pétaoctet à 1015 octets.

 

 

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