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L’air dans la cabine d’un avion

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Xavier Tytelman

Fear of Flying Treatment Centre France / Manager

 

L’air dans la cabine d’un avion est-il vraiment plein de microbes?

Parmi les mythes touchant l’aviation civile, la transmission des maladies dans les avions de ligne est peut-être le plus récurrent. Ebola tout comme le SRAS il y a quelques années ne peuvent en effet toucher nos contrées que via des voyageurs aériens infectés, et les autorités prennent donc des mesures pour limiter les risques qu’une personne infectée ne puisse quitter une zone infectée. Mais en dehors de ces situations toutes particulières (être assis à côté d’une personne infectée par le virus ebola n’est pas enviable, dans un avion ou ailleurs), l’air des avions est-il vraiment aussi impur qu’on le dit ?

Il est en réalité très propre en comparaison avec celui que nous respirons habituellement. Sur tous les avions modernes, les passagers respirent un mélange d’air frais et d’air recyclé, ce qui permet de bien réguler la température en cabine tout en maintenant un niveau d’humidité acceptable. Il n’y a pas de réserve d’air dans un avion, et tant que l’on vole on est dans l’air et l’on peut capter l’air extérieur, excessivement pur à cette altitude. Mais on n’injecte bien évidemment pas l’air extérieur directement dans la cabine, à la fois parce qu’il est très peu dense, mais aussi parce qu’il est à environ -50°C…

L’air extérieur est d’abord absorbé par les moteurs via ses compresseurs, ce qui entraine une montée à très haute température avec deux conséquences : tous les micro-organismes nuisibles sont détruits, mais l’air perd aussi la quasi-totalité de son humidité, ce qui est désagréable pour les passagers car on se déshydrate alors plus vite, la peau tire, les yeux piquent… Précisons qu’il n’y a aucun contact avec les gaz de combustion, et donc aucun risque que vous ne respiriez des vapeurs de kérosène. L’air est ensuite refroidi puis comprimé et injecté dans la cabine pour que la pression atmosphérique soit celle que l’on rencontre au sol à une altitude d’environ 1600m, ce qui est acceptable par tout le monde y compris les asthmatiques. Il y a au moins deux systèmes pneumatiques d’injection d’air dans les avions.

L’air est injecté par le haut de l’avion (via des grilles de ventilation et les aérateurs individuels situés au-dessus de chaque siège) et est aspiré vers le bas du fuselage. Il est alors pour moitié évacué hors de l’avion et pour moitié filtré et mélangé avec de l’air frais tout droit venu de l’extérieur. D’après Boeing, les filtres permettent de capter entre 94 et 99,97% (pour le B787) des microbes, un niveau record. Au final, ce cycle continu est tellement efficace que la totalité de l’air de l’avion est renouvelé toutes les deux ou trois minutes ! De nombreuses études ont montré que ce que l’on respire dans un avion est bien plus propre que dans tout autre moyen de transport ou endroit clos, y compris dans un bureau climatisé ou une salle ayant les fenêtres ouvertes !

Le seul reproche que l’on puisse réellement faire à l’air de l’avion est son niveau d’humidité, en général seulement 5 à 10% soit, moins que dans le désert du Sahara… Cette sécheresse réduit l’efficacité des muqueuses nasales, et c’est cela qui peut rendre plus sensible aux virus dans les quelques heures qui suivent chaque vol. Il existe néanmoins des systèmes coûteux et lourds destinés à humidifier l’air, mais ils ne sont pas réellement efficaces et ont des effets secondaires fâcheux, comme des problèmes de corrosion accélérée ou la création de gouttes de condensation. Les derniers appareils conçus par Boeing et Airbus (respectivement le B787 et l’A350), ont donc dès l’origine pris en compte cette question du confort des passagers. Le niveau d’humidité est ainsi presque doublé dans ces avions puisqu’il dépasse les 15%, une performance permise également par l’utilisation des fibres de carbones insensibles à la corrosion.

Un dernier point mérite d’être éclairci : le moment où le personnel de cabine diffuse le contenu d’une bonbonne sur toute la longueur de l’avion. Il ne s’agit absolument pas d’un désinfectant, mais simplement d’un produit insecticide inoffensif pour l’homme. Son unique but est de tuer les moustiques qui auraient eu la mauvaise idée d’embarquer avec les passager car le vrai risque est là : ramener en France des moustiques infectés par divers maladies tropicales. Depuis les années 60, on a ainsi dénombré en France une trentaine de cas de paludisme chez des personnes vivant près d’un aéroport international alors qu’elles n’avaient jamais quitté la métropole.

Continuez donc à respirer à plein poumons dans vos avions, l’air y sera toujours plus pur que celui auquel vous serez exposés dans vos voyages ou même en restant sagement chez vous …

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Xavier Tytelman
Spécialiste de la Sécurité Aérienne
Blogger aéronautique (blog-peuravion.fr)
Responsable du Centre de traitement de la Peur de l’Avion (www.peuravion.fr)

 

 

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