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Interview Maria El Filali – GIMAS

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« Nous avons besoin de créer des opportunités et des synergies entre les compagnies aéronautiques marocaines et européennes »

Maria El Filali est la directrice générale de l’Association industrielle de compagnies aéronautiques marocaines (GIMAS). Dans cet article, elle nous présente sa vision de l’industrie aéronautique au Maroc et des nouveaux défis à l’horizon d’un secteur stratégique pour les investisseurs européens.

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Points forts et points faibles du Maroc dans l’activité aéronautique mondiale.-

Aujourd’hui, les Maroc est connu pour compter parmi les industries aéronautiques les plus compétitives du monde émergeant, avec ses plus de 100 compagnies actuelles. Les points forts sont : 1) Le soutien du gouvernement aux investisseurs, avec des aides financières, 2) la création d’une école de formation technique – IMA- qui se consacre aux compagnies aéronautiques pour les opérateurs qui travaillent avec des matériaux composés, tôle métallique, usinage, câblage et installation, qui compte déjà plus de 1 500 personnes depuis son ouverture en avril 2011 et 3) la création de Midparc, une zone industrielle en zone franche située au cœur du hub aéronautique, à proximité de l’aéroport Mohammed V à Nouasser, Casablanca.

Maria-El-FilaliSes points faibles seraient le manque de diversification vers d’autres marchés qui ne soient pas uniquement des compagnies françaises. Or, cette tendance est en train de changer, grâce à la récente installation de Bombardier UTC et d’autres compagnies.

 

Midparc, une zone franche qui se consacre principalement à l’industrie aéronautique.-

L’un des facteurs clé pour favoriser la croissance récente dans le domaine de l’aéronautique est la création de Midparc, avec un investissement de plus de 80,6 millions d’euros. La zone industrielle qui abrite Midparc bénéficie d’un emplacement logistique unique et stratégique, aux portes de l’Europe et de l’Afrique. Les compagnies dont le siège se trouve dans ces pays peuvent bénéficier d’avantages fiscaux pendant les cinq premières années de développement et d’un taux réduit de 8,75 % les vingt-cinq années suivantes. Midparc est un prolongement de la zone industrielle d’aviation de Casablanca (Aéropole), une ZI de référence au Maroc car elle accueille plusieurs compagnies internationales. Le gouvernement vise l’installation d’autres compagnies, ce qui permettrait au pays de bénéficier du savoir-faire d’étrangers qualifiés et des transferts technologiques, mais aussi, selon le Ministère des finances, d’aider à créer près de 15 000 postes de travail pour 2015. Cela permettra également au Maroc d’augmenter ses exportations tout en assumant un rôle plus important au sein de l’industrie aéronautique mondiale.

 

Un emplacement géographique stratégique, avec des subventions du gouvernement.-

Le Maroc se trouve à 14 km de l’Andalousie, le troisième hub aéronautique d’Europe et à deux jours en voiture de Toulouse, un autre hub aéronautique clé. La langue et la culture du Maroc en font un pays ami pour les compagnies, où il est facile de faire des affaires.

La chaîne d’approvisionnement marocain représente un autre avantage. Les compagnies qui s’installent là-bas trouveront sûrement des clients ou des fournisseurs à proximité. En outre, avec des entreprises de l’envergure de Bombardier, Aerolia-Airbus, Safran Group avec six franchises, Zodiac Aerospace, Thales Ratier-Figeac UTC, Eaton, etc., les investisseurs ont de nouvelles opportunités en ce sens.

Les subventions du gouvernement permettent d’obtenir une aide de 15 % de l’investissement total et une contribution aux frais de formation de près de 2 000 € par opérateur/technicien et de 6 000 € par ingénieur. La chaîne d’approvisionnement diversifiée et bien développée permet une meilleure intégration locale et des envois directs plus complexes au client final. De nombreuses compagnies marocaines sont une source unique pour différents programmes. Les compagnies sont exonérées de la TVA tant qu’elles importent de nouveaux équipements pendant deux ans après leur mise en service et elles sont également exonérées de l’impôt sur les sociétés pendant 5 ans, avec une bonification de 8,75 % si elles sont dans la zone franche ou de 17,5 % si elles sont en-dehors.

 

L’institut d’aéronautique du Maroc (IMA).-

L’IMA est un centre de formation créé à partir d’une association innovatrice entre les secteurs publics et privés. L’IMA a pour mission d’offrir aux compagnies du secteur aéronautique des opérateurs, des techniciens et des cadres intermédiaires et bien formés. Les compagnies ne prennent pas en charge les frais de formation en cas d’utilisation du Pacte national pour l’émergence industrielle. Le soutien structurel de l’IMA en matière de formation des techniciens est vital pour contribuer à la croissance de l’industrie aéronautique au Maroc. Grâce à l’IMA, la rotation est très faible et les recours ne se déplacent pas d’une compagnie à l’autre. Lorsque les FEO les plus importants s’installent, ils commencent à former leurs futurs collaborateurs où ils étudient 6 à 9 semaines, en assistant aux cours à l’IMA pendant 2 semaines puis 2 semaines au sein de la compagnie. L’IMA est un bon exemple d’une association publique et privée réussie, où le gouvernement a construit et équipé le centre de formation et GIMAS est chargé de sa gestion.

 

8 marchés sur 10 qui enregistrent la croissance la plus rapide en termes de pourcentage sont en Afrique. Quel devrait être le rôle des investisseurs aéronautiques en Afrique ?

Les pays d’Afrique du Nord commencent à se capitaliser avec le désir des compagnies européennes de délocaliser leur production à l’étranger et de bénéficier de la proximité. Le secteur aéronautique du Maroc représente 5 % des exportations, avec un chiffre d’affaires de 800 millions d’euros et près de 10 000 postes de travail. Ces dernières années, nous avons assisté à une forte expansion, avec une croissance du secteur de l’ordre de 20 % en 2013 et de 17 % en 2012. Les réductions feront sans doute partie d’une approche commerciale, les compagnies peuvent exercer leur pouvoir de négociation par le biais de leurs investissements et cela fonctionne à l’inverse entre les gouvernements et les compagnies. Établir des liens plus étroits avec des pays africains contribuera sans doute à promouvoir les affaires entre les compagnies européennes et africaines.

 

Les PME hautement spécialisées vs celles de petites dimensions.-

La plupart de nos compagnies sont des PME. Elles sont clé pour n’importe quelle industrie du monde. Bien sûr les FEO veulent traiter avec des compagnies intégratrices plutôt qu’avec une foule de fournisseurs. Pour les entreprises de petites dimensions, la réussite passe par l’innovation et l’association avec des compagnies auxquelles elles peuvent fournir des pièces plus complexes et intégrées.

 

Deux régions si proches comme le sont le Maroc et l’Andalousie, mais néanmoins éloignées en matière de coopération aéronautique.-

Nous avons besoin de créer des opportunités et des synergies entre les compagnies aéronautiques marocaines et andalouses. Nous sommes à moins d’une journée de distance et on imagine sans mal ce que les entreprises marocaines et andalouses réunies pourraient offrir. Le Maroc peut aussi être une porte d’entrée stratégique en Afrique pour les compagnies espagnoles.

 

Un défi pour le futur.-

Notre défi vise à représenter au mieux nos compagnies pendant les grands évènements du secteur aéronautique, accompagner leur croissance en développant des programmes de formation qui s’adaptent à leurs besoins et jouer un rôle vital dans l’intégration locale de la chaîne d’approvisionnement. Nos compagnies doivent être capables de répondre à la demande croissante des FEO qui sous-traitent au Maroc. La base aéronautique marocaine est intéressante et attire de plus en plus de compagnies qui s’installent dans le pays. Nous devons offrir le soutien dont les compagnies ont besoin pour se développer. Tandis que le secteur poursuit sa croissance, le Maroc vise à pouvoir construire des aéronefs complets dans 10 ans ; un objectif où le secteur jouera sûrement un rôle plus important en ajoutant de la valeur à l’économie.

 

 

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