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Etretien avec Vicente Gómez, PAE

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Vicente Gómez / PAE

 

Entretien avec Vicente Gómez Molinero, Secrétaire général, Plateforme technologique espagnole pour l’aérospatiale, PAE

« Il ne reste désormais plus qu’à décider de la mise en marche de ce plan dans les plus brefs délais pour que l’Espagne puisse bénéficier d’un programme de soutien public à la recherche et à l’innovation dans l’aéronautique, au même titre que celui de nos voisins européens »

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Dans quelle optique l’organisme PAE a-t-il vu le jour en 2006 ?

La création de plateformes technologiques a été proposée par la Commission européenne en 2015 pour jouer le rôle de forums d’échange visant, sous la direction de l’industrie, à regrouper les industries (petites, moyennes et grandes), les universités et les centres technologiques dans le but de définir et arrêter un agenda stratégique de recherche et d’innovation (de son acronyme SRIA en anglais), de réaliser des études de prospective et de veille technologique, ainsi que de se positionner comme un organe de conseil par une présence aux forums espagnols et mondiaux dédiés à la recherche, au développement et à l’innovation (RDI). C’est sur ces bases que la PAE a été créée en 2006, une plateforme qui, dans un premier temps, et parmi de nombreux autres documents, a présenté l’Agenda stratégique de recherche aérospatiale espagnole 2008-2020.

 

Dix ans plus tard, la PAE a franchi une nouvelle étape et, depuis lors, elle est parvenue à intégrer plus de 90 représentants du secteur composés d’entreprises, d’universités, de centres de R&D et d’autres organismes. Quels sont les nouveaux objectifs fixés par la plateforme à court et moyen termes ?

Les objectifs de cette nouvelle phase de la PAE, désormais définie comme Plateforme technologique espagnole pour l’aérospatiale, restent les mêmes, à savoir se positionner fondamentalement comme le forum de la recherche, du développement et de l’innovation de l’aérospatiale en Espagne. Au cours des deux premières années de fonctionnement, nous nous sommes appliqués à définir des taxonomies, aéronautique et spatiale, pour classer notre secteur et toutes sortes d’informations le concernant. Tous les organismes de la PAE se sont eux-mêmes hiérarchisés dans ces taxonomies et nous disposons désormais d’une vue détaillée de notre secteur sous l’approche de la recherche, du développement et de l’innovation. Par ailleurs, nous développons actuellement un Agenda stratégique de RDI de l’aérospatiale qui définit, aussi bien du point de vue de la composante aéronautique que de la composante spatiale, la feuille de route à suivre pour renforcer le secteur en Espagne sous l’angle des activités de RDI.

Nous avons procédé à des études de veille technologique sur des matériaux aérospatiaux et la fabrication additive qui ont débouché sur la rédaction de documents contenant des recommandations concrètes de l’industrie ainsi que des réponses apportées par les universités et centres technologiques. Pour finir, nous menons à l’heure actuelle une étude sur le type de modèle de compétences de l’ingénieur interdisciplinaire collaboratif dont nos entreprises vont avoir besoin dans l’avenir proche qui reste promis à la mise en œuvre de l’industrie 4.0.

 

De tout temps, le secteur revendique le déploiement d’un plan stratégique aéronautique et aérospatial à l’échelle nationale. Pensez-vous que les mesures nécessaires sont actuellement adoptées pour faire de ce plan une réalité à moyen terme ?

Oui. Aussi bien depuis la TEDAE (Association espagnole des technologies de la défense, de l’aéronautique et de l’espace), qui a encouragé l’élaboration d’un guide sectoriel sur l’aéronautique présenté en 2015 et récemment mis à jour, que depuis la PAE, où nous avons déjà publié un résumé de notre Agenda stratégique de RDI en aéronautique, qui sera prochainement suivi de la publication de la feuille de route détaillée proposant plus de 100 activités classées pour répondre, en prenant la mesure de la réalité du secteur en Espagne, aux cinq grands enjeux socio-économiques définis par la plateforme européenne de l’aviation ACARE, nous contribuons actuellement à ce que ce plan stratégique sectoriel de l’aéronautique devienne une réalité. Il ne reste désormais plus qu’à décider de la mise en marche de ce plan dans les plus brefs délais pour que l’Espagne puisse bénéficier d’un programme de soutien public à la recherche et à l’innovation dans l’aéronautique, au même titre que celui de nos voisins européens que sont la France (avec son Conseil pour la recherche aéronautique civile CORAC), l’Allemagne (avec son programme de recherche aéronautique LUFO) ou le Royaume-Uni (avec son Institut technologique de l’aérospatiale ATI).

 

L’Agenda stratégique de RDI en aéronautique a fait l’objet d’une révision qui a été publiée cette année. Quelle est la voie technologique marquée par le secteur pour les années à venir ?

La feuille de route technologique détaillée sera publiée dans les prochains mois, mais le résumé, dont nous avons précédemment parlé, définit déjà les dix principaux axes de travail autour desquels notre secteur doit s’articuler au cours des prochaines années, à savoir :

  • l’avion plus électrique (propulsion hybride et propulsion électrique comprises),
  • la fabrication et la conception avancée,
  • les matériaux évolués (composites et métalliques),
  • les structures multifonctionnelles,
  • l’optimisation aérodynamique et les configurations de rupture et efficaces d’aéronefs et de blocs de propulsion,
  • les véhicules connectés, intelligents, sans pilote et autonomes,
  • les moteurs silencieux et durables offrant un meilleur rendement,
  • les nouveaux modes d’assistance en service,
  • le contrôle du trafic aérien (aussi bien l’ATM que l’UTM),
  • la gestion environnementale des aéronefs.

 

Quel rôle jouent les activités aérospatiales espagnoles de RDI dans un secteur aussi globalisé et hautement compétitif ?

En Espagne, le niveau de la recherche, du développement et de l’innovation de l’aéronautique et du secteur de l’espace est particulièrement élevé, comme le témoignent nos participations aux programmes internationaux tels que Clean Sky ou SESAR dans le domaine de l’aviation, ou aux programmes de l’Agence spatiale européenne et de l’Union entrepris dans le secteur de l’espace. Grâce à des plans stratégiques nationaux précédemment mis en œuvre en aéronautique, notre industrie a pu, par exemple, se positionner de manière particulièrement significative dans les modèles d’avions Airbus successifs. Si cet effort d’investissement en technologies d’avenir n’est pas soutenu, la position internationale de notre secteur va finir par se fragiliser. Mais si le plan stratégique sectoriel que nous réclamons est mis en place, cette position sera renforcée dans les années à venir et les grandes entreprises locomotives du secteur augmenteront leurs investissements en recherche et développement dans notre pays et contribueront au renforcement de l’ensemble de l’écosystème innovant en Espagne.

 

Pensez-vous que des ressources suffisantes sont destinées à la recherche aérospatiale ? Quelles mesures la PAE propose-t-elle pour améliorer cet aspect ?

Les agendas stratégiques de RDI, aussi bien aéronautiques que spatiaux que la PAE définit à l’heure actuelle, proposent des mesures concrètes à adopter pour que les investissements en recherche, développement et innovation à réaliser dans notre secteur, ces derniers se concentrant actuellement et principalement sur des programmes de coopération internationale, soient complétés par des programmes nationaux qui préparent progressivement notre industrie à une meilleure compétitivité et qui, parallèlement, renforcent nos universités et centres technologiques pour en faire de véritables références mondiales en recherche aérospatiale. Ces programmes nationaux sont une composante que nous devons nécessairement développer et, comme précisé de manière exhaustive dans nos Agendas stratégiques, la PAE continuera à se présenter auprès de tous les organismes de financement d’activités RDI pour leur transmettre les avis de tout notre écosystème d’innovation : des industries qui fixent les priorités aux universités et centres technologiques qui les alimentent de leurs travaux de recherche menés en droite ligne avec les demandes de l’industrie et la formation des techniques et ingénieurs du futur. La collaboration entre tous les agents de cet écosystème novateur est l’une des valeurs que la PAE est en mesure de proposer.

 

 

 

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